YAOUNDE, 29 juillet (Xinhua) — Le président camerounais Paul Biya et son homologue nigérian Muhammadu Buhari, en visite au Cameroun, ont promis mercredi lors de leur entretien de collaborer pour juguler la menace de la secte islamiste nigériane Boko Haram.
Le Cameroun et le Nigeira sont tous deux membres de la Commission du Bassin du lac Tchad (CBLT), composée en outre du Tchad, du Niger et de la Libye, qui cherche à opérationnaliser une force de lutte contre Boko Haram.
Quatre mois après son élection, M. Buhari a entamé mercredi en fin de matinée une “visite d’amitié et de travail”, selon la terminologie officielle, une visite de deux jours à Yaoundé.
Dominée notamment par la lutte contre Boko Haram, qui depuis 2013 a transporté ses attaques au Cameroun, dans la région de l’Extrême-Nord, cette visite était attendue par le pouvoir de Yaoundé.
Pour le recevoir, l’exécutif camerounais a pavoisé les rues de la capitale dont surtout l’axe menant de l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen au palais présidentiel, de banderoles, soulignant la volonté de nouer avec le nouveau pouvoir d’Abuja “une alliance stratégique pour éradiquer le groupe terroriste Boko Haram”.
“Nous ne pouvons pas laisser cette gangrène prospérer. Nous devons mutualiser nos moyens, conjuguer nos forces, partager nos expériences”, a déclaré le président Paul Biya lors du dîner de gala offert en l’honneur de son hôte mercredi soir au palais de l’Unité, après un entretien en tête-à-tête d’une heure et demie.
Entre prises d’otages et massacres de populations, Boko Haram a créé comme au Nigeria, au Tchad et au Niger un climat d’insécurité et d’instabilité socio-économique sans égal au Cameroun. Ces derniers jours, entre le 12 et le 25 juillet, près d’une soixantaine de personnes ont été tuées dans cinq attentats-suicides, dont trois en trois jours à Maroua, la principe ville de l’Extrême-Nord du Cameroun.
Selon Paul Biya, “le terrorisme est aujourd’hui une menace globale. Seule une riposte globale pourrait en venir en bout”.
A Yaoundé il y a quelques mois, le Cameroun, le Niger, le Niger et le Tchad, auxquels se sont joints le Bénin, se sont mis d’accord pour l’opérationnalisation, dans le cadre de la CBLT, d’une force régionale commune de 8.700 hommes, effectif augmenté à 10.000 par une résolution de l’Union africaine (UA).
Cette force aurait dû commencer à entrer en mouvement le 20 juillet à N’Djamena, la capitale tchadienne, siège de son état-major. Ce n’est pas encore le cas. Il est prévu qu’elle soit endossée par un vote du Conseil de sécurité de l’ONU.
Le Cameroun place ses espoirs dans cette coopération régionale et l’appui de la communauté internationale pour mettre un terme aux exactions de Boko Haram. Avec le Nigeria, un accord avait été conclu en 2013 pour instituer, en marge d’un comité de sécurité transfrontalière créé un an avant, des patrouilles mixtes pour la surveillance des frontières terrestres et maritimes communes.
Depuis lors, aucun acte concret n’a été réalisé, la méfiance empêchant les deux pays s’autoriser mutuellement le droit de poursuite pour traquer les combattants de la secte islamiste sur leurs territoires respectifs.
Le chef de l’Etat camerounais a loué les initiatives entreprises par son homologue nigérian depuis son arrivée au pouvoir.
Muhammadu Buhari, non content de l’incapacité des forces de défense et de sécurité de son pays, a procédé récemment à des réajustements à la tête des unités de commandement.
Mercredi soir dans la capitale camerounaise, il a réaffirmé son engagement à défendre et restaurer “l’intégrité territoriale du Nigeria, protéger les vies et les biens de nos citoyens”.
“Le Nigeria, a-t-il affirmé, est déterminé dans cette lutte contre Boko Haram, qui a tué et estropié des milliers de nos populations et fait en sorte que de nombreuses familles soient sans abri et sans moyens d’existence”.
Dans cette lutte, il a promis de “continuer à collaborer avec le Cameroun et nos voisins dans le cadre de la Commission du Bassin du lac Tchad”.
“Nous devons essayer de débarrasser nos pays de ce mal, qui menace et cherche à détruire nos libertés hautement gagnées et que nous avons atteintes en tant que pays individuellement et aussi collectivement dans la sous-région”, a affirmé le président nigérian.
Raphaël MVOGO