Face à la large coalition pour le “OUI” au référendum constituée des membres du gouvernement et des conseillers nationaux, les fédéralistes semblent minoritaires même s’ils se sont organisés en bloc. Le porte-parole de ce bloc, Baniara Yoyana, lors d’un entretien qu’il nous a accordé le 23 novembre, estime qu’il faut avoir deux options sur la table avant de dire “Oui” ou “Non”.

Baniara Yoyana déplore le fait que ce référendum ne répond pas à la question soulevée par des participants lors du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS). Il rappelle qu’au départ c’était un référendum pour le renouveau du Tchad. Mais par la suite, c’est de la déception. Car, soutient-il, l’espoir tant attendu est tombé dans l’eau. Le gouvernement a opté pour la forme de l’Etat unitaire qu’il soumet au premier référendum prévu pour le 17 décembre 2023. Pour lui, ce référendum est “l’expression de la négation de l’existence du Tchad”. “Parce que le Tchad est premier ou deuxième de tout ce qui est nul dans les sondages du monde entier”, dit-il.

Avec ce référendum, le milieu politique est en ébullition. La création de la coalition du OUI renfermant des membres du gouvernement, du Conseil national de transition a fait couler d’encre et de salive. Et ce camp semble être déjà en campagne. Ce que pense aussi Baniara Yoyana. “Le camp du “Oui” est en pleine campagne, c’est tout à fait normal, car c’est le camp du gouvernement, il détient tous les moyens de l’État que ça soit les cadres tout comme les moyens financiers, matériels et le ton a été donné par le président de la transition qui a d’abord commencé sa campagne par une tournée générale au mois de mai. Mais le bloc fédéral garde sa position de celui qui s’oppose à ce referendum parce que ce référendum représente qu’une seule chose, c’est-à-dire l’État unitaire. Alors que pour choisir, il faut deux“, souligne-t-il.

Selon lui, un homme qui part en guerre ne dévoile jamais ses secrets. “Nous utilisons plusieurs moyens de communication et d’ailleurs les technologies sont avancées donc nous utilisons nos téléphones à travers Internet. On a créé des plateformes pour pouvoir communiquer et nous avons des réactions de partout, nous refusons de dévoiler notre stratégie et annonçons que ce samedi 25 novembre se fera notre première campagne pour ce référendum“, a indiqué Baniara Yoyana.

Enfin, l’ancien ministre d’Hissein Habré pense que boycotter cette élection n’est pas une bonne idée. “Tous ceux qui s’engagent pour le boycott (qui n’est pas une bonne solution) et tous ceux qui s’abstiennent pensent que nous allons accompagner le gouvernement. Mais c’est vraiment faux. Il y a même des défaitistes qui disent qu’il ne sert à rien d’aller à ce combat parce que le résultat est déjà connu avant les élections. Le système ne cesse de mettre en place tous les moyens pour gagner et tout est sous l’ordre de la France. Il existe des urnes cachées pour le Oui afin de pouvoir remporter l’élection. Mais il n’est pas question pour nous d’abdiquer tant que la loi nous donne la chance de nous exprimer“, confie-t-il.

La campagne référendaire débute le 25 novembre. Les partis politiques et les associations de la civile ont trois semaines pour défendre le camp du OUI ou du NON au projet de Constitution qui consacre la forme de l’Etat unitaire.

Sotné Djakdjing, stagiaire