YAOUNDE, 13 janvier (Xinhua) — Le dernier bilan de l’attaque menée par la secte islamiste nigériane Boko Haram lundi matin contre un camp militaire de la localité camerounaise de Kolofata ( Nord), à la frontière avec le Nigeria, fait état de 157 assaillants tués et 7 autres capturés, contre une victime au sein de l’armée camerounaise, a rapporté mardi matin à Xinhua une source sécuritaire.

A l’instar de celle du 28 décembre contre Achigashia, autre localité de la région de l’Extrême-Nord, où 8 soldats avaient cependant été tués, cette nouvelle attaque visait une caserne du Bataillon d’intervention rapide (BIR, unité spéciale de l’armée camerounaise), qui abrite en même temps des unités du Bataillon d’ infanterie motorisée (BIM, unité d’élite) et de la gendarmerie nationale, a expliqué cette source.

“Ils ont voulu attaquer le camp du BIR comme ils ont l’habitude d’attaque les camps militaires au Nigeria. S’ils avaient réussi, ça aurait été grave”, a-t-elle souligné. Un bilan officiel communiqué par le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a dénombre lundi soir 143 combattants présumés de Boko Haram tués contre un soldat camerounais, précisément un caporal-chef du BIR auquel s’ajoutaient quatre autres blessés après «plus de cinq heures de violents combats” entre les forces de défense et de sécurité camerounaises et leurs ennemis. Selon le ministre, c’est “la plus lourde perte”, avait la récupération d'”un important arsenal” constitué de fusils d’assaut, d’armes lourdes et de matériels de transmissions ultramodernes, subie par la fameuse organisation terroriste depuis ses premières attaques faites de prises d’otages en 2013 sur le territoire camerounais,notamment dans la région de l’Extrême-Nord. Des sources sécuritaires, qui ont aussi annoncé la destruction d’ une quinzaine de pick-up utilisés par les islamistes avec à bord de nombreux occupants lors de ces combats d’une durée estimée plutôt à environ 45 mn, avaient déjà pourtant rapporté des bilans plus élevés à la suite de plusieurs de ces attaques. “Il y a certains qu’on a capturés. Ils sont environ sept. On a aussi pris un véhicule qu’ils ont arraché à l’armée nigériane”, a rapporté l’une de ces sources jointe mardi matin par Xinhua.

A l’en croire, un calme précaire est revenu à Kolofata, terre natale du vice-Premier ministre chargé des Relations avec les Assemblées Amadou Ali, grande figure du régime du président Paul Biya dont l’épouse avait été enlevée avec une quinzaine d’autres personnes lors d’une attaque contre cette localité fin juillet qui avait aussi fait une dizaine de morts parmi lesquels le lamido- maire de la commune.

Mais, a par ailleurs soufflé cette source, une certaine tension règne au sein des troupes chargées de combattre Boko Haram, à cause des infiltrations déclarées à Maroua, la principale ville de l’Extrême-Nord. “On a interpellé deux gars hier, qui quittaient Maroua pour Amchidé (localité régulièrement attaquée, NDLR). Ils utilisent maintenant peu les motos pour se déplacer, ils préfèrent marcher à pied”.

Selon des sources concordantes, les infiltrations évoquées sont facilitées par des complicités au sein des sphères administratives et sécuritaires camerounaises.

Par exemple, une décision d’une autorité administrative de Kolofata de laisser débarquer contre versement de sommes d’argent en décembre,en violation d’une mesure officielle interdisant ces opérations en raison notamment de soupçons d’infiltration concernant ces réfugiés dont le nombre dépasse désormais 30.000, un groupe d’environ 180 réfugiés nigérians arrivés à bord de deux camions, a été jugée surprenante.

“Comment comprendre que dès le lendemain de l’arrivée de ces réfugiés on ait enregistré de nombreuses de pertes humaines comprenant des soldats de l’armée dans une série d’explosions de mines antipersonnel posées nuitamment à Mora ? A cause des dégâts causés par ces engins, la circulation est aujourd’hui interrompue sur la route Maroua-Kousseri (ville frontalière de la capitale tchadienne N’Djamena, NDLR)”, s’interroge une de ces sources.

Depuis l’intensification des actions de son organisation terroriste au Cameroun, Abubakar Shekau, le leader de Boko Haram, dont la mère est native de Maroua, informe-t-on, s’est adressé pour la première fois dans un message vidéo diffusé le 5 janvier sur Internet où il a déclaré la guerre aux autorités de Yaoundé.

Celles-ci prennent cette menace au sérieux, ayant décidé de renforcer par l’envoi d’autres troupes et une nouvelle dotation en armement le dispositif opérationnel mis en place en vue de l’ éradication de la menace terroriste.

Dans le même temps, une attaque de Boko Haram a été signalée lundi soir dans la partie tchadienne du lac Tchad, sans faire de victime, à en croire encore les sources sécuritaires. “Quand on demandait aux populations de quitter là-bas, note l’une d’elles, elles refusaient,parce qu’elles les aidaient. Maintenant, elles sont en train de fuir en cascade”.