La sécurité routière préoccupe le gouvernement tchadien, qui a pris la décision du port obligatoire de casques par les motocyclistes de N’Djamena. Cette décision est entrée en vigueur ce 1er Mars 2015, cependant, le respect de son application rencontre des problèmes.

En effet, on peut affirmer avec nul doute que le non respect du port de casques incombe en partie au gouvernement et plusieurs raisons expliquent ce couac entre  gouvernant et usagers du service public.

Un port de casque tergiversant

Comme à l’accoutumé au Tchad, les études de faisabilités ne sont pas la préoccupation de ceux qui nous gouvernent. Chaque chef de département cherche à épater le Président de la République en prenant tout genre de décision. Le Tchad est le pays, où les décisions administratives applicables illico tombent sur la tête des usagers du service public comme des mangues arrivées à leur maturité. L’administration devrait donner les caractéristiques des casques autorisés, où même imposer aux vendeurs des motocyclettes à incorporer l’achat de casque comme un accessoire de cette vente. La preuve est qu’en rendant obligatoire le port de casque, on assiste à des ports de casques de tout genre. Il suffit de faire un tour pour constater les casques de chantiers, on aurait même aperçu un conducteur avec une calebasse peinte pour échapper à la raquette des policiers. Les gouvernants n’ont pas placé un seuil pour le prix des casques par les commerçants. Il y a aussi le volet communicationnel qui constitue un véritable problème pour ces décideurs qui ne renversent pas la pyramide avant de prendre une décision d’une grande envergure.

En évoquant le taux de mortalité comme socle de cette décision du port obligatoire de casque, l’on se dit  que c’est une farce, car il faut d’abord combattre le mal depuis la racine, c’est-à-dire la cause des accidents. Il y a plusieurs causent de ces accidents, tel que l’état des routes, l’état du conducteur généralement dans l’ignorance la plus totale des codes de conduites ou très souvent ivre. On  ignore les conditions dans lesquelles les victimes d’accidents de circulation sont reçues par les services des urgences. Il suffit de faire  un tour dans nos services des urgences, pour constater l’insensibilité de ce personnel soignant. La question de l’éthique et de la déontologie est vraiment à l’honneur dans ces services.

 Un réel profit pour les commerçants de N’Djamena

Cette décision a permis aux commerçants de tripler leur chiffre d’affaires. Le prix de casques a augmenté considérablement en deux jours. Le lundi matin ; un casque coûtait 3 500 Fcfa, le lundi après midi ; le prix est passé à 7 500 Fcfa, et le mardi dans la journée le prix a quadruplé pour se retrouvé à 12 500 Fcfa. La règle de la demande et de l’offre a fait ses effets, et on ne sait pas si cette flambée de prix de casques s’arrêtera. Car, les autorités en place ne cherche pas aussi à arrêter cette hémorragie qui ne cesse de vider les administrés et les usagés du service public. Il faut qu’on n’essaie de réglementer le prix des casques sur le marché, la sécurité routière est non seulement l’affaire des conducteurs à deux roues, mais celle du bien-être de toute la population tchadienne.

Le bilan provisoire du non respect du port de casques

Beaucoup de nos concitoyens n’ont pas obtempéré à cette décision qui était prises par le passé, afin de tomber dans la caducité avec le départ du gouvernement de l’ancien ministre de la sécurité publique et de l’intérieur AHMAT BACHIR. Les jeunes, et surtout les collégiens et les lycéens, qui doivent servir d’exemples du port de casques, s’opposent farouchement au respect du port de casques. Cela devrait amener l’administration à s’interroger, car dit-on que « la jeunesse est le fer de lance ». C’est pour dire que si cette jeunesse reçoit positivement cette décision, elle pourra l’intégrer dans le comportement de la génération future, et on ne pourra plus demander dans les années à venir, à la population de porter les casques. Car, en payant une motocyclette, on va impliquer le casque comme un accessoire de cette opération commerciale. Comme conséquence, il y a depuis le lundi 2 Mars 2015, plusieurs vagues de manifestations des élèves des collèges et lycées qui continuent jusqu’au jour d’aujourd’hui. Ce mercredi matin c’est une grande partie des établissements primaires et secondaires qui n’ont pas fonctionné dans la capitale tchadienne. Deux policiers étaient froidement assassinés par les usagers pour le non respect des casques.

Il faut aussi souligner, que cette application du port obligatoire de casques aux usagers de la route, à réveiller les policiers de la circulation sur leur activité régaliennes de raquetteurs. On assiste à une course-poursuite des usagers par la police de proximité, si bien qu’on a du mal à distinguer les braqueurs des policiers dans la nuit.

Aux vues de la situation actuelle, on est amené à se poser la question de savoir si les règles de la science politique sont respectées. Car, si on fait allusion au principe de la « boite noire », et surtout le «  feedback »  de David EASTON, le gouvernant tchadien a du pain sur la planche !