Plusieurs villes du pays sont couvertes par une brume de poussière. Singambaye Djékounda, prévisionniste à l’Agence nationale de la météorologie (ANAM), explique ce phénomène et donne les orientations à suivre pour s’adapter à ce changement passager de temps.
Comment explique-t-on cette brume de poussière apparue depuis hier sur plusieurs villes du pays?
Cette poussière est un phénomène naturel qui se produit habituellement en cette période. C’est un litho météore dans la classification des phénomènes météorologiques. Cette brume de poussière tire son origine dans la zone dépressionnaire qu’on appelle Bodélé située vers le Batha et Borkou. Quand il y a dépression, il y a un appel d’air. Puisqu’il y a dépression, l’air vient avec vitesse. Le vent souffle avec une forte vitesse. Cela soulève une masse de poussière en altitude. Cette masse de poussière revient doucement par gravitation et ça gagne plusieurs régions.
Le pourcentage d’humidité est inférieur à 10%. Dans l’atmosphère, l’air contient toujours une vapeur d’eau. Mais, en cette période de mois de mars, l’air est presque sec. Comme c’est sec, et quand le vent soulève la poussière, il n’y a rien qui peut l’arrêter. Ça va en altitude et ça redescend.
Quelles sont les régions concernées par ce changement de temps ?
Ça commence au Borkou, Batha et prend les régions voisines comme le Kanem, le Lac, le Barh El Ghazal, etc., ça revient doucement vers le Hadjer-Lamis et ça gagne d’autres territoires des pays étrangers comme le Niger. Ça gagne aussi le Togo, Bénin, Ghana, jusqu’à traverser même l’océan pour arriver dans la forêt amazonienne.
Ce phénomène va-t-il s’étendre dans la durée ?
Généralement, cette masse de poussière arrive en janvier, février, mars et ça peut évoluer jusqu’en mai. Mais cela ne se fait pas de manière continue. Cela peut faire deux ou trois jours et cesser. Et après, ça revient.
A-t-il des conséquences ?
Scientifiquement, c’est d’abord bon. Parce que cette poussière est le noyau de condensation. Quand ça va en altitude, certaines particules restent en suspension dans l’air. Et en saison des pluies, quand les nuages vont se former, ils vont faciliter la précipitation des pluies. Cela a été démontré scientifiquement que l’année où on a beaucoup de ce genre de poussière, on s’attend à des bonnes pluies. Parce que ce sont des noyaux de condensation, ça constitue des aérosols.
Mais pour la santé humaine, vous savez que l’air qui se soulève vient de partout et traverse beaucoup de régions. Donc ça constitue des sources de maladies surtout les maladies climato-sensibles comme la méningite.
Comment se protéger pendant cette période ?
Il faut être à l’abri, bien fermer les portes, les vitres. Ainsi on minimise l’inhalation de la poussière. Il faut surtout protéger les personnes âgées et les enfants qui sont vulnérables. Aux usagers de la route, les conducteurs, d’être prudents parce que la visibilité est réduite. A la navigation aérienne, dans ces conditions, on interdit même les vols et l’atterrissage des avions.