Bien que la pollution atmosphérique soit la deuxième cause de décès en Afrique, les financements dédiés aux énergies fossiles sont 36 fois plus importants que ceux affectés à l’amélioration de la qualité de l’air, rapporte l’agence Ecofin.

Les bailleurs de fonds internationaux n’ont mobilisé que 403,6 millions de dollars pour lutter contre la pollution atmosphérique en Afrique entre 2015 et 2020. Ce qui représente 3,7% du total des financements engagés dans ce domaine à l’échelle mondiale, selon un rapport publié le mercredi 7 septembre par Clean Air Fund, un organisme philanthropique spécialisé dans la lutte contre la pollution de l’air.  

Cela signifie que pour chaque 1000 dollars engagés dans des projets d’amélioration de la qualité de l’air à l’échelle planétaire, 37 dollars seulement sont allés aux pays africains durant la période sous revue, ajoute le rapport intitulé « The state of global air quality funding 2022 » (La situation du financement de la qualité de l’air dans le monde).

Bien que cette part ait légèrement augmenté au fil du temps (de 1,1 % en 2015-2016 à 8 % en 2020-2021), elle est encore très faible, au regard de l’ampleur des dégâts causés par la pollution de l’air sur le continent.

La pollution atmosphérique (intérieure et extérieure) a été à l’origine de 1,1 million de décès en Afrique en 2019. Ce qui en fait la deuxième cause de décès sur le continent après le VIH/Sida.

Financements très concentrés géographiquement

Clean Air Fund précise d’autre part que les bailleurs de fonds internationaux ont mobilisé 36 fois plus de financements pour la prolongation de l’utilisation des combustibles fossiles (14,6 milliards de dollars) que pour l’amélioration de la qualité de l’air (403,6 millions de dollars).

« Cette différence est extrêmement surprenante. Je pense que cela montre que les gouvernements ne prêtent pas attention à la question de la pollution atmosphérique, soit parce qu’ils ne sont pas conscients de son impact, soit parce qu’ils ne la considèrent pas comme un problème », a déploré Dennis Appiah, directeur du bureau du Clean Air Fund au Ghana et co-auteur du rapport, rappelant que l’Afrique est la région la plus affectée par les effets néfastes du changement climatique à l’échelle mondiale.

Le rapport souligne par ailleurs que les financements dédiés à la lutte contre la pollution atmosphérique en Afrique sont très concentrés géographiquement. Entre 2015 et 2020, cinq pays du continent seulement ont reçu 88 % du total des flux financiers : l’Egypte (54 %), le Maroc (24 %), l’Ouganda (5%), le Niger (3%) et le Soudan (3%). Cela s’explique essentiellement par le fait que les fonds sont alloués à une poignée de grands projets.  

A titre d’exemple, la quasi-totalité du financement consacré à l’amélioration de la qualité de l’air en Egypte a été engagée en 2020 par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) en faveur du projet de gestion de la pollution atmosphérique et du changement climatique au Caire, par le bais d’un prêt de 200 millions de dollars.