YAOUNDE, 22 mai (Xinhua) — Une conférence organisée par le Center for International Forestry Research (CIFOR) sur le thème “Gestion durable des forêts d’Afrique centrale: hier, aujourd’hui et demain” s’ouvrre mercredi à Yaoundé, pour évaluer la gestion durable des écosystèmes du bassin du Congo.

“Cette conférence internationale vise à faire le bilan, car depuis 1992 il y a eu plusieurs réformes, mais on ne sait pas si ces réformes ont eu un impact sur les forêts et sur les populations qui y vivent”, précise Dr Richard Eba’a Atyi, coordonnateur régional du bureau Afrique centrale du CIFOR, organisation créée en 1993 qui milite pour le bien-être humain et la préservation de l’environnement.

Pendant cette conférence de deux jours, les experts, chercheurs, membres de la société civile venus outre des pays du bassin du Congo (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine et RD-Congo) et de l’Union internationale de la conservation de la nature (UICN), de la coopération allemande (GIZ) ou américaine (USAID), de la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC), vont mesurer le chemin parcouru pour mieux scruter l’avenir.

“Avant 1992, seul le Gabon disposait d’un ministère des Forêts, dans les autres pays les questions forestières étaient dissimulées dans les divers ministères de l’Agriculture, les plans d’aménagement des concessions forestières, première étape d’une gestion durable des forêts, n’étaient pratiquement pas suivis et rarement utilisés”, note Dr Richard Eba’a Atyi.

Depuis la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (CNUED) autrement appelée Sommet de Rio tenu au Brésil en 1992, la gestion durable des forêts du bassin du Congo a enregistré des avancées remarquables en matière de gestion durable des forêts.

“En 20 ans, nous avons beaucoup progressé en Afrique centrale”, note Dr. Eba’a Atyi, qui souligne que entre-temps tous les Etats ont créé des ministères en charge des forêts et des organismes d’appui, mis sur pied de nouveaux cadres juridiques et des lois reconnaissant le rôle des groupes communautaires et des femmes dans la gestion durables des forêts adoptées.

Mais, reconnaît-il, “il reste beaucoup à faire. Les cadres juridiques mis en place pour favoriser la gestion durable des forêts ne sont pas cohérents, les activités informelles et illégales ont continué d’augmenter de façon incontrôlable, les problèmes de gouvernance et la corruption persistent, etc.”

Des défis à relever en urgence d’autant que les pays d’Afrique centrale sont confrontés aux acquisitions des terres à grande échelle par des investisseurs étrangers soucieux de développer les agro-industries et les exploitations minières, qui font peser une menace sérieuse sur la gestion durable des ressources fauniques et forestières.

Surtout que la convoitise de l’espace forestier par ces nouvelles activités de développement s’accompagne de la recrudescence du braconnage transfrontalier, qui s’est traduite par exemple au Cameroun en 2012 par le massacre de plus d’une centaine d’éléphants dans le parc national de Bouba Ndjidda dans le nord du pays.

Aussi, Ngole Philip Ngwese, ministre camerounais des Forêts et de la Faune, souhaite une “industrialisation véritable du secteur forestier de la sous-région, gage de compétitivité de la filière”, qui soit assise sur les plans d’aménagement forestiers existants.

Un impératif quand on sait que les forêts du bassin du Congo, qui s’étendent sur 2000 km de la cote Atlantique du Golfe de Guinée à l’est de la RDCongo, couvrent une superficie de 1,62 million de km2, abritent entre autres 10 000 espèces végétales et 400 espèces de mammifères et font vivre près de 100 millions de personnes.