CULTURE – Cela fait approximativement dix ans que le gouvernement tchadien travaille pour l’inscription du Lac-Tchad au patrimoine mondial de l’Unesco. Comme par coup de tonnerre, le pays se rétracte. Les intérêts pétroliers comme mobile de ce changement d’attitude.
Les intérêts pétroliers d’abord, l’inscription du lac-Tchad au patrimoine mondial de l’Unesco après. C’est en tout ce qui résume cette nouvelle affaire du Lac-Tchad qu’à révéler le media britannique The Guardian le 24 septembre dernier.
Dans les lignes du site d’information britannique, le Gouvernement du Tchad a demandé la suspension de la procédure d’inscription du lac-Tchad au patrimoine mondial de l’Unesco. La raison : « d’explorer les possibilités pétrolières dans la région », selon une lettre du Ministère de la culture, du tourisme et de l’artisanat tchadien à l’organe onusienne, a écrit The Guardian.
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Cette demande de « reporter le processus d’inscription du lac Tchad sur la liste du patrimoine mondial » intervient alors que le Gouvernement a lancé le processus depuis dix ans. Selon la même lettre, l’Administration Déby « a signé des accords de partage de production avec certaines compagnies pétrolières dont les blocs alloués affectent la superficie du bien proposé pour inscription ». Conséquent : elle a demandé un report de la procédure afin de luipermettre de « redéfinir et de redessiner la carte pour éviter toute interférence à l’avenir ».
Processus bloqué : une perte de temps ?
A entendre dans les pays voisins, c’est le cas. On peut le lire dans cette réaction de Alice Biada, du Ministère desArts et de la Culture du Cameroun. « Nous avons travaillé deux ans pour monter la candidature et nous n’avions jamais entendu parler de cela auparavant. Ce serait une énorme perte de temps et de ressources si le processus reste bloqué. »
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Faut-il le rappeler, avant de poursuivre, que la demande d’inscription du Lac-Tchad sur la liste des patrimoines de l’UNESCO a été faite conjointement avec le Cameroun, le Niger et le Nigeria, qui, jusqu’avant cette révélation, se disent ignorant, des ambitions pétrolières du Tchad dans cette zone.
La demande de suspension du processus sera recevable ?
Selon les commentaires un porte-parole du l’Unesco rapportés l’agence ecofin, une suspension du processus d’inscription n’est pas envisagée parmi les possibilités offertes par les dispositions de la procédure de proposition d’inscription au patrimoine mondial, a commenté un porte-parole de l’UNESCO.
Aussi, selon certains experts, avoir un forage pétrolier dans un environnement aussi instable que le Lac-Tchad pourrait être un désastre sécuritaire. Par conséquent, une telle ambition pourrait transformer le lac en un nouveau delta du Niger. Mais cette question est un autre débat.
Plus de 24 heures après la publication, les autorités tchadiennes n’ont fait aucune déclaration sur cette révélation. Nous y reviendrons dans les prochaines publications.