La ville morte était le mot d’ordre de ce dernier jour de deuil qui a commencé depuis le 14 février en faveur des victimes de la tuerie de Sandana.

Lors de la « Marche pour la dignité et la justice » organisée par le Conseil provincial des sages et les chefs des communautés du Grand Moyen-Chari, le mardi  15 février 2022 à Sarh, chef-lieu de la province du Moyen-Chari, quelques incidents ont été signalés. Il s’agit entre autres de quelques groupes de jeunes marcheurs qui ont échangé des coups avec un jeune boutiquier qui aurait refusé de fermer sa boutique. Un jeune marcheur a été blessé suite à un coup de poignard de la part du boutiquier, et le boutiquier lui-même s’est fait copieusement tabassé par ces jeunes manifestants. Les forces de défense et de sécurité ont fait donc usage de gaz lacrymogènes pour disperser les marcheurs.

Informé de cette situation, le président du Conseil provincial des Sages du Grand Moyen-Chari, Kara Gatel a demandé, par un communiqué, à toute la population de la ville de Sarh d’observer pour ce dernier jour de deuil une « Ville morte » afin d’éviter tout débordement. Il a instruit les uns et les autres de prier à la maison en mémoire des victimes de Sandana. 

La ville morte a été respectée dans sa globalité. Marchés, buvettes, bars, cabarets, gargotes, restaurants, cafés, pharmacies, et grandes boutiques sont fermés. Quelques rares boutiques ont ouvert leurs portes en cette fin d’après-midi.

Interrogée par rapport à ces trois jours de deuil, une jeune dame, détentrice d’une buvette, condamne ces actes barbares mais souligne que ces trois jours sans vente ont vraiment affecté ses affaires. Quant à Hassan, grand exportateur et importateur des marchandises, il regrette ce qui s’est passé à Sandana et précise qu’avec toutes les exigences de la population et les jeunes si rien n’est fait, ce différend risque de ne pas s’arrêter et cela va vraiment affecter l’économie de la province. Du côté des ménagères, Madame Serata indique qu’avec tous les marchés qui sont fermés, elles sont obligées de faire avec leurs provisions mais souhaite que cela puisse continuer afin que la dignité humaine soit un peu respectée dans le sud du pays.