PARIS, 15 septembre (Xinhua) — La lutte contre Boko Haram, le groupe terroriste nigérian affilié à l’Etat islamique (Daech), a été au centre des discussions entre le président français François Hollande et son homologue nigérian Muhammadu Buhari, en visite officielle à Paris de lundi à mercredi.
Les deux chefs d’Etat, lors d’une conférence de presse commune lundi à la suite de leur entretien, ont dit ne pas faire de distinction entre Boko Haram et Daech, “inspirés de la même idéologie”.
“Boko Haram est lié à Daech et reçoit des aides de ce groupe. Lutter contre Boko Haram, c’est lutter contre Daech et nous ne pouvons plus distinguer des terroristes selon les régions. C’est le même terrorisme, inspiré par les mêmes idéologies de mort”, a déclaré M. Hollande.
Selon lui, la France a engagé le combat contre le terrorisme depuis très longtemps, à travers son intervention au Mali ainsi que son soutien aux pays de la région du lac Tchad qui se battent contre Boko Haram.
“Nous sommes également présents dans la coalition en Irak et avons annoncé des vols de reconnaissance permettant d’envisager des frappes si c’était nécessaire -et ce sera nécessaire- en Syrie”, a par ailleurs annoncé le président français.
François Hollande a déclaré avoir longuement évoqué avec son homologue nigérian la situation “des drames que connaît le nord du Nigeria et plus largement la région du lac Tchad avec des assassinats, des attentats, des viols…”.
“La France est entièrement solidaire du Nigeria dans la lutte contre Boko Haram et nous apportons à l’ensemble des pays de la région qui sont concernés par cette secte odieuse. A l’égard du Nigeria, nous avons la même volonté d’appui, de soutien et de solidarité”, a-t-il ajouté.
La France apporte son concours aux pays de la région du lac Tchad, selon M. Hollande, en terme d’échange d’informations, de renseignements mais aussi de formation et d’équipement de la force africaine régionale qui est en train de se constituer pour combattre Boko Haram.
Le président français a proposé une rencontre sur la lutte contre Boko Haram à l’instar de celle qui a eu lieu en 2014 à Paris en présence des pays du bassin du lac Tchad (Nigeria, Niger, Cameroun, Tchad, Bénin).
Le président nigérian Muhammadu Buhari a également évoqué l’allégeance de Boko Haram à l’EI. “A l’origine, Boko Haram était limité au Nigeria, mais s’est vite agrandi en faisant allégeance à l’Etat islamique. Tout cela lui donne une dimension beaucoup plus importante”, a reconnu M. Buhari.
Mais le président nigérian s’est dit optimiste car “l’accord entre les pays du lac Tchad qui prévoit l’envoi par chaque pays membre de troupes et de logistique pour lutter contre Boko Haram vient de débuter et c’est un programme qui est soutenu par la France”, a-t-il rappelé.
Outre la lutte contre le terrorisme, les deux chefs d’Etat ont également parlé économie. Le président Buhari veut notamment miser sur l’agriculture et les infrastructures pour créer de l’emploi.
“Un des problèmes du Nigeria, c’est sa jeunesse. Plus de 66% de la population est jeune et la plupart d’entre eux sont au chômage. Cela constitue un grand danger pour l’avenir. C’est pourquoi mon gouvernement cherche des solutions à travers l’agriculture et dans le secteur des infrastructures”, a expliqué le président nigérian.
François Hollande a annoncé, pour sa part, une convention d’un montant de 130 millions d’euros signée par l’Agence française de développement (AFD) pour soutenir la nouvelle Banque de développement du Nigeria.
“Nous allons également signer un certain nombre d’accords, notamment sur l’agriculture qui est la grande priorité du président Buhari et pour les infrastructures”, a dit M. Hollande, qui considère le Nigeria comme un partenaire stratégique pour la France.
“Le Nigeria est un pays qui compte sur la scène internationale avec 180 millions d’habitants, première économie africaine et vingtième puissance économique du monde”, a rappelé le président français.