Dans une interview accordée à Tchadinfos, Dr Sali Bakari, spécialiste de la paix et de la sécurité dans le bassin du lac Tchad, a expliqué que la décision du gouvernement tchadien de mettre fin aux accords en matière de défense avec la France, annoncée par un communiqué le 28 novembre, n’est pas inattendue d’un point de vue historique. Ce n’est pas la première fois qu’une telle rupture se produit.
Selon Dr Bakari, les historiens perçoivent cette décision différemment des autres observateurs. « Les historiens ne sont pas surpris par cette annonce, car ils se situent à la fois dans le passé et dans le présent », a-t-il déclaré. Cependant, ce qui retient l’attention, c’est le contexte dans lequel cette décision a été prise. Il évoque le climat militaire tendu, notamment en lien avec la crise au Soudan et le positionnement géopolitique du Tchad. « C’est cela qu’il faut tenter de comprendre et analyser. La décision elle-même ne me surprend pas, mais sa prise dans ce contexte précis, oui. D’autant plus que cette rupture a été annoncée un 28 novembre, une date hautement symbolique pour l’histoire du Tchad », a-t-il ajouté.
Dr Bakari souligne que cette décision s’inscrit dans une logique d’affirmation de souveraineté nationale. « Le Tchad veut affirmer sa souveraineté et sa liberté. Cependant, il est important de noter qu’il n’y a pas que le volet militaire dans la coopération avec la France. Le gouvernement actuel semble vouloir élargir ses priorités au-delà de cette dimension », a-t-il confié.
Cette démarche, selon lui, vise non seulement à diversifier les partenariats stratégiques du Tchad, mais aussi à consolider son indépendance. Dr Bakari ne considère pas cette rupture comme une violation des accords, mais plutôt comme une réponse aux dynamiques géopolitiques mondiales qui affectent la région. Il fait également référence à l’influence croissante de nouvelles alliances, comme celle des États d’Israël, et explique que le Tchad ne peut rester indifférent à ces évolutions.
Il a également relevé une séquence d’événements marquante : « Le 21 novembre, le ministre français a été reçu chaleureusement à N’Djamena. Quelques jours après son départ, le 28 novembre, la décision de rupture a été annoncée. Cela illustre à quel point les choses évoluent rapidement dans le contexte tchadien. Mais le Tchad, ce n’est ni le Mali, ni le Burkina Faso, ni le Niger. Même si la France retire ses forces militaires, elle devra trouver des moyens de soutenir le Tchad dans sa lutte contre le terrorisme, notamment à travers un appui financier. »
Enfin, Dr Bakari a rappelé que le Tchad n’est pas isolé dans cette lutte contre le terrorisme. Il fait partie de plusieurs organisations régionales, comme la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) et l’Union africaine, qui contribuent à une coordination régionale face aux défis sécuritaires.