La capitale politique du Tchad est devenue un bastion de la vente et de la consommation de la drogue. Cette pratique se fait impunément sous le regard complice des autorités civiles et militaires. Dans presque tous les coins de la ville, l’on remarque la présence des points de vente et des consommateurs. Une véritable affaire lucrative.

Ce jour, 09 Août 2016, l’air est très frais sur les abords du fleuve Chari. Dès la levée du soleil, c’est-à-dire, 7 heures, nous avons fait tour dans les différents coins de la ville pour constater la situation. Au bord du fleuve, il y a un monde fou. Le vent souffle provoquant les ondes qui murmurent. Et, chacun est dans son business.

Des jeunes garçons à bord de portes-tout transportaient du remblai. Les jeunes filles avec leurs plateaux remplis de quelques marchandises.

Soudain, ces jeunes venus des quartiers lointains et des quartiers riverains se jettent dans l’eau du fleuve. Assis sur une botte de sable rétrécie par le fleuve, deux jeunes rejettent des bouffées de tabac dans l’atmosphère. Les yeux rougis, l’un d’entre eux s’est allongé sur la berge du Chari, ses membres loins des uns et autres, il se plonge dans un profond sommeil.

Après son sommeil, ce jeune homme au visage bouffi et au ventre visiblement creux s’allonge sur le bas de l’azadiracta indica connu sous le nom de neem ombragé bordant le fleuve. Puis, un autre hâtivement sort de sa poche  la drogue. Quelques minutes plus tard, la fameuse drogue entame son activité sur l’organisme humain. Des paroles peu enviables sortent de la bouche de ces consommateurs de la substance prohibée. « Dans la vie, il ne faut plus tenir compte des gens. Car, beaucoup de familles ne font rien pour leur progéniture, mais, ils sont les premiers à critiquer » lâche Hisseine. « Pour moi, un membre de la famille qui s’amuse avec moi, je finis avec lui. J’ai mon arme blanche qui est toujours collée à moi », renchérit un  autre.

À Gassi non loin d’une télévision privée, ce même comportement est remarqué. Là, les militaires consommateurs de la drogue et d’alcool frelaté sèment la terreur. Ils sont de fois cause d’insécurité dans le quartier.

Il était 11 heures d’horloge ce samedi 13 août, lorsque nous nous sommes retrouvés au quartier champs de fil appelé buldo. La vente de la drogue se fait impunément mais secrètement. Pour en acheter, il faut connaitre le langage des initiés c’est-à-dire un langage codé. Abakar vêtu d’un ensemble Jeans trimbale ses marchandises en poche. Un jeune homme âgé d’environ 24 ans avec des pièces d’argent chuchote à l’oreille du vendeur. Tout de suite, il lui sort un truc emballé de papier blanc.

Un habitant que nous avons rencontré avoue que cette pratique se passe en connivence avec les hauts gradés de l’armée nationale et autres individus mal intentionnés. « Il m’a été de remarquer un jour, les policiers avaient arrêté les vendeurs détaillants et les consommateurs de la drogue et alcool frelaté interdits. Mais, à notre grande surprise, un Général de son état est intervenu pour la libération de ces derniers » explique-t-il.

Si quelques quartiers vendent et consomment allègrement le fruit défendu, la place de la nation et autres coins cachés n’en sont pas du reste quant à cette pratique. Et, un tour au coucher du soleil permettra de se rendre à l’évidence.

Rencontrés pour leurs versions de faits, deux militaires ont diversement répondu. « Du moment où les chefs consomment la drogue, comment voulez-vous qu’on arrête ? », lance le premier. « Demandez à ceux qui encouragent la vente et la consommation de la drogue d’arrêter et nous aussi allons cesser », enchaine le deuxième.

Si la vente de la drogue va crescendo au pays de Toumaï, il serait judicieux aux autorités de remonter la garde, car cette pratique n’est pas loin d’attirer encore l’attention des narcotrafiquants. Et, l’Etat en tant que garant de la sécurité, doit prendre sa responsabilité.