Au moment où N’Djamena, la capitale du Tchad, s’apprête à inaugurer avec faste le stade omnisports de Mandjafa, lequel événement marquera en même temps l’An 1 du football tchadien en termes d’infrastructure homologuée par la CAF, il est utile d’en savoir un peu plus sur cette organisation, membre de la Fédération internationale de Football Association (FIFA), qui a pris à bras-le-corps le développement du football africain depuis une soixantaine d’années.

C’est en 1957 que fut créée la CAF au Soudan par quatre pays : l’Égypte, l’Éthiopie, l’Afrique du Sud et bien sûr le Soudan. La première édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN) a eu lieu à Khartoum où les trois sélections de ces pays se sont affrontées. Pour cause de discrimination raciale, autrement dit l’apartheid, l’Afrique du Sud fut disqualifiée. Et ce sont les Pharaons d’Égypte qui sortirent victorieux de la compétition en battant les Éthiopiens (4-0). Soixante-huit ans plus tard, le pays du plus célèbre des pharaons, Mohamed Salah, la star de l’équipe anglaise Liverpool, détient le record du palmarès avec 7 trophées, suivi du Cameroun (5), du Ghana (4), de la Côte d’Ivoire (3) et du Nigéria (3), pour ne citer que les cinq premières places.

Force est donc de reconnaître que parmi les quatre pays qui furent à l’origine de la création de la CAF, l’Égypte est celui qui s’est donné les moyens de développer son football et de résister au temps, même si depuis 2010, elle n’a pas gagné la CAN. L’Afrique du Sud, pour sa part, bien que victorieuse d’un seul palmarès (1996), est néanmoins très ambitieuse, d’autant plus qu’elle a accueilli à deux reprises la CAN, en 1996 et en 2013. Elle est aussi le premier pays africain à avoir accueilli, en 2010, la Coupe du monde de football. Quant aux deux autres pays, l’Éthiopie et le Soudan, qui ont respectivement remporté la coupe en 1962 et 1970, leur football a stagné. Ces pays ont une même caractéristique, celle d’avoir connu des années d’instabilité dues à la guerre civile. Hélas, depuis avril 2023, le Soudan est de nouveau plongé dans une guerre fratricide. Sans oublier le fait que le pays est divisé en deux depuis l’indépendance du Sud-Soudan le 9 juillet 2011.

Dr Patrice Motsepe réélu à la présidence de la CAF pour un deuxième mandat

La CAN : un modèle d’intégration africaine et d’exposition du continent

À bien y réfléchir, que ce soit sur le plan politique, économique ou culturel, il n’y a aucun événement aussi populaire et médiatisé en Afrique que la CAN. Durant trois semaines, vingt-quatre sélections nationales se rencontrent dans le pays hôte pour jouer au football. Derrière le jeu, pour ne pas dire derrière le sport roi, c’est tout un continent – et au-delà – qui suit la compétition. Avec le développement des médias audiovisuels, en particulier la télévision et les réseaux sociaux, la CAN est sans conteste l’événement le plus apprécié du continent-mère. Il y a de quoi s’en réjouir, d’autant plus que ce rendez-vous sportif bat tous les records de longévité.

La CAF, organisatrice de plusieurs autres compétitions

S’il est vrai que la CAN est la compétition la plus prestigieuse de la CAF, celle-ci en organise d’autres tout aussi importantes : le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), la Ligue des champions de la CAF, la Coupe de la Confédération de la CAF, la Super Coupe de la CAF, la Coupe d’Afrique des Nations U-23, la Coupe d’Afrique des Nations U-20, la Coupe d’Afrique des Nations U-17, la Coupe d’Afrique des Nations féminine (CAN féminine), les éliminatoires de la Coupe du monde féminine U-20 de la FIFA et de la Coupe du monde féminine de la FIFA U-17, la Coupe d’Afrique des Nations de futsal, la Coupe d’Afrique des Nations de beach soccer et les Jeux africains (hommes et femmes). En tout, avec la CAN masculine, ce sont 13 compétitions.

Une gouvernance à l’épreuve du temps

La CAF est présidée par l’homme d’affaires sud-africain Patrice Motsepe, par ailleurs président du célèbre club de football Mamelodi Sundowns, que dirige son fils Tlopie Motsepe depuis l’élection du père à la tête de la CAF en 2021. Lors de la 14ᵉ Assemblée générale extraordinaire tenue au Caire le 12 mars 2025, Patrice Motsepe, candidat unique, a été réélu haut la main pour un deuxième mandat.

De l’avis des observateurs les plus avisés, le bilan du président Motsepe est largement positif, tant sur le plan du rayonnement du football africain que sur celui de la stabilité financière. Sous son leadership, la CAF a établi plusieurs records lors de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire, qui a attiré un nombre record de 1,4 milliard de téléspectateurs à travers le monde. Les dotations financières des principales compétitions, notamment la Ligue des champions et la CAN féminine, ont connu une augmentation notable, tout comme le soutien financier accordé aux associations membres. « L’objectif demeure de rendre le football africain plus compétitif à l’échelle mondiale, de garantir la stabilité financière et d’investir dans les infrastructures », a déclaré le président Motsepe.

Désormais, tous les regards se tournent vers la 35ᵉ édition de la CAN qui se déroulera au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026. Ce rendez-vous contribuera sans nul doute à renforcer le leadership de la CAF, d’autant plus que le royaume chérifien a réussi à faire du football le fer de lance de son attractivité continentale et mondiale. « Je suis convaincu que la CAN 2025 au Maroc connaîtra un énorme succès et sera la meilleure de l’histoire de cette compétition », a affirmé le président Motsepe.

Veron Mosengo-Omba

Veron Mosengo-Omba, secrétariat général de la CAF

Faut-il le rappeler, le siège de la CAF se trouve au Caire, où le secrétariat général est assuré par le Suisso-Congolais Veron Mosengo-Omba, un homme du sérail puisqu’il était auparavant directeur de la division des associations membres de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), présidée par Gianni Infantino, « un ami de l’Afrique » très engagé dans le développement du football sur le continent : « Il y a des gens talentueux et un potentiel incroyable en Afrique, et nous voulons que ces jeunes puissent se développer dans leur pays avec leurs familles. Grâce au football et au développement sportif, ils peuvent accéder à l’éducation et aux valeurs que nous avons toujours défendues… », s’est ainsi exprimé le patron du football mondial, où la CAF occupe une place de choix grâce à la CAN.

Pour les passionnés du ballon rond, il ne reste plus qu’à leur souhaiter bon voyage au Maroc d’ici la fin de l’année. Pour celles et ceux qui ne peuvent pas faire le déplacement, ils peuvent néanmoins profiter des villages de la CAN que toutes les grandes villes africaines et de la diaspora organisent lors de cette compétition qui fait la fierté de l’Afrique.

Nocky Djedanoum