Dans une déclaration commune faite le 28 septembre 2021, Ousmane Diagana, vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour la région Afrique de l’Ouest et Afrique centrale, et Indermit  Gill, vice-président du Groupe de la Banque mondiale chargé de la croissance équitable, des finances et des institutions appellent les créanciers privés du Tchad à honorer leurs engagements pour alléger la dette du Tchad.

« La dette du Tchad est insoutenable et le pays n’est pas en mesure de la rembourser. Nous pensons que son traitement est nécessaire afin de la rendre à nouveau viable, d’aider à financer des besoins sociaux importants et de soutenir la paix et la sécurité dans la région. Autant de conditions essentielles à la croissance économique et à l’accès aux services de santé et à l’éducation », écrivent Ousmane Diagana et Indermit Gill, respectivement vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour la région Afrique de l’Ouest et Afrique centrale et vice-président du Groupe de la Banque mondiale chargé de la croissance équitable, des finances et des institutions.

Les deux auteurs de la déclaration rappellent que c’est dans ce contexte que le Tchad a sollicité un allégement au titre du Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de l’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) approuvé par le G20 et le Club de Paris. « En juin 2021, les créanciers bilatéraux publics du Comité des créanciers du Cadre commun pour le Tchad ont décidé de restructurer leurs créances », souligne la déclaration.

La sonnette d’alarme est tirée

C’est pourquoi, les deux responsables de la Banque mondiale exhortent Glencore et les autres créanciers privés à faire de même, à s’engager de « façon crédible et sans délai », et à offrir au Tchad un traitement de sa dette comparable à celui prévu dans le Cadre commun.

Car, préviennent Ousmane Diagana et Indermit Gill, une crise plus profonde aggraverait la situation de toutes les parties — pas seulement celle des citoyens du Tchad, mais aussi de ses voisins et créanciers. « Une crise appauvrirait encore davantage un pays déjà démuni, empirerait la situation des soins de santé et de l’éducation, et mettrait en péril le processus de transition crucial de ce  pays fragile. Elle compromettrait également la paix et la sécurité régionales dans le Sahel et en Afrique centrale », alertent-ils.

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La déclaration réitère l’engagement « ferme » de la Banque mondiale à soutenir le processus du Cadre commun. Ousmane Diagana et Indermit Gill promettent continuer à travailler avec les coprésidents, les créanciers et le FMI pour apporter au Tchad l’assistance technique et le soutien financier dont il a besoin.

« Le Tchad, l’un des pays les plus pauvres du monde, connaît une grave récession économique, conséquence de la pandémie, du faible niveau des recettes pétrolières et de la crise sécuritaire au Sahel », indiquent la déclaration.

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Ousmane Diagana et Indermit Gill notent qu’à l’heure actuelle, 42 % de la population tchadienne vit dans l’extrême pauvreté, disposant de moins de 1,90 dollar par jour. « Plus de la moitié des enfants en âge scolaire du primaire ne vont pas à l’école et le taux de mortalité maternelle est l’un des plus élevés au monde. Depuis 2014, le PIB par habitant du pays s’est contracté de 19 %. Pourtant bien que pauvre, le Tchad assume la responsabilité de la paix et de la stabilité dans la région et est un refuge régional pour environ un demi-million de réfugiés », soulignent-ils.