La cherté de vie et l’emprunt des crédits bancaires chaque année rendent la vie difficile aux agents de la Fonction publique en général et les enseignants en particulier. A Koumra, dans la province du Mandoul, certains enseignants se livrent à des activités génératrices de revenus pendant les vacances pour joindre les deux bouts.
Création des boutiques dans les quartiers, ouverture des pharmacies et vente des habits… sont devenus des activités secondaires de ces hommes de craie de l’État.
Mais surtout en période des vacances scolaires, la plupart des jeunes enseignants chargés de cours dans les écoles primaires, de l’enseignement moyen ou secondaire, se déversent dans le mototaxi. Certains se font identifier au Bureau des clandomen et à la Commune pour exercer librement leurs activités. D’autres le font clandestinement. Des différents avis, il ressort que ceux-ci croupissent sous le poids des crédits bancaires et de la cherté de vie.
Emmanuel Kagbé, un contractuel reversé à la Fonction publique en 2021 explique : “Au Tchad le salaire est pour toute la famille: père, mère , frère, sœur, cousin, oncle… Je n’arrive pas à supporter le poids de la charge familiale et réaliser mes projets. Raison pour laquelle je fais le clando pour m’organiser autrement en dehors du salaire.”
Ayant requis l’anonymat, un agent du ministère de la Jeunesse et des Sports, a expliqué avoir souscrit à un crédit d’investissement pour acquérir une Corolla et mettre en circulation sur les axes Koumra-Doba et Koumra-Sarh. Chaque fin du mois, ses collègues vont chercher leurs salaires en embarquant dans son véhicule. Cette activité secondaire lui permet de faire face aux charges ménagères.
“J’ai un ménage de presque 10 personnes. Et comme je suis d’une famille royale, ceux et celles qui viennent de notre village élisent domicile chez moi, font quelques jours avant de continuer leur voyage. Les cousins et neveux qui sont à Koumra pour les cours à l’école de santé et au lycée ne manquent pas d’être chez moi. C’est pénible alors le clando vient boucher les trous“, souffle Le Roi, embarquant un client.
Cette tendance oblige d’autres à acheter les motos et les confier aux diplômés sans emploi pour faire le clando et faire le versement par semaine.
Alex Loubadjo Djassibaye