Le RESAMA (Réseau des associations du Mandoul) a organisé le 4 février 2023 au centre de lecture et d’animation culturelle de Koumra, une journée de sensibilisation et partage d’expérience sur la déportation des jeunes dans les zones aurifères et l’exode rural.

Pour le coordonnateur de cette association, Djimyabaye Sewingar Delaville, l’image du Mandoul est ternie dans cette pratique car ce sont des jeunes issus de cette province qui se rendent majoritairement dans ces zones à la recherche de l’or. “Ce n’est plus un secret pour personne que le Mandoul constitue l’épicentre du phénomène de déportation de la jeunesse vers les zones aurifères, dans des ménages pour des travaux domestiques ou derrière les animaux loin de leurs villages malgré les interpellations et les rapatriement de certains par le RESAMA dans leurs localités”, déplore-t-il.

C’est pourquoi, justifie-il, il est important de dépasser les discours au niveau de N’Djamena pour descendre sur le terrain pour parler à vive voix, montrer les images, projetter des films sur les atrocités que vivent quotidiennement ces jeunes dans les zones aurifères afin de conscientiser les autres à la prise de conscience sur la gravité de ce fléau.

L’occasion aussi pour les jeunes de poser des questions à l’orateur et de donner des témoignages sur ce phénomène car dans l’assemblée, il y avait des victimes et parents des victimes de cette traite.

Certains jeunes ont témoigné que c’est l’infertilité des sols qui est la cause de leur départ puisqu’ils n’arrivent plus à nourrir leurs familles mais aussi le suivisme, les conflits intercommunautaires… Le coordonnateur les a exhorté à se fixer des objectifs dans leur vie pour éviter de tomber dans cette piège.

Pour lui, les autorités administratives et militaires ont un rôle à jouer dans cette lutte. “On ne peut pas lutter contre ce fléau en parlant simplement aux victimes car la chaîne de responsabilité est assez large en commençant par les autorités administratives, militaires et traditionnelles car si certains jeunes partent en catimini, d’autres s’y rendent avec l’aval de leurs parents sous couvert des autorités», accuse Djimyabaye Sewingar Delaville.

Les autorités judiciaires sont également citées par le coordonnateur comme complices car elles demeurent “impuissantes” dans la poursuite et les condamnations des auteurs, coauteurs et complices de ces traitements “dégradants” et “inhumains”. Il y ajoute aussi les agences de voyages qui facilitent la déportation des jeunes car, dit-il, le transport et l’hébergement font partie de la chaîne de la traite des personnes.

Il faut noter que plus de cent jeunes ont pris part à cette séance de sensibilisation.

Alex Loubadjo Djassibaye, correspondant à Koumra