À Koumra, près du marché central, un site de mécaniciens rassemble des jeunes, adultes et enfants venus de divers horizons. Pour certains, fréquenter un centre de formation ou une école de mécanique est un moyen d’apprendre le métier de manière professionnelle. Cependant, pour de nombreux autres jeunes analphabètes ou déscolarisés, souvent venus des villages et villes alentour, ce métier s’apprend directement sur le terrain, aux côtés de mécaniciens expérimentés.
Sur ce site animé, on trouve des chefs d’ateliers, des aides et des apprentis qui se partagent l’espace entre le bruit des moteurs et les plaisanteries. Réparation de crevaisons, changement de chambres à air, redressage de jantes et autres interventions sur les pneus : telles sont les activités principales de ces jeunes qui, malgré la rudesse du travail, ne semblent pas craindre les difficultés.
Des témoignages révélateurs
Parmi eux, Nantara raconte : « Je suis ici depuis des années, après avoir quitté l’école en classe de 4e. Mon travail consiste à réparer les chambres à air des vélos et des motos crevées. Pour un vélo, je prends entre 150 et 200 francs, et pour une moto, c’est 500 francs. À la fin de la journée, je fais le compte avec mon chef, qui me donne mon pourcentage. »
Alladoumbaye, chef d’atelier, témoigne : « J’ai deux apprentis et une machine à air dans mon atelier. Mon activité principale est de redresser les jantes tordues et de coller les chambres à air des véhicules. J’ai aussi quelques notions de mécanique, donc je répare parfois les petites pannes de moto. Cette activité est rentable ; on m’appelle même parfois en dehors de la ville pour des dépannages sur les routes des marchés hebdomadaires. »
Pour nombre de ces jeunes, le métier représente un moyen de subvenir aux besoins de leurs familles. Djimsangué, la trentaine, explique : « J’ai échoué à l’école, mais grâce à ce travail, je peux envoyer mes deux enfants à l’école. Je veux qu’ils deviennent des cadres. S’ils décident plus tard de devenir mécaniciens, ils iront dans une école professionnelle, pas dans la rue comme moi. »
L’avenir du site menacé
Ndilabaye, chef d’atelier, déplore le comportement des agents de la mairie, qui les menacent d’expulsion : « Nous sommes ici depuis des années, mais la Commune veut nous chasser pour des raisons que nous ignorons, alors que c’est ici que nous gagnons notre vie. »
Dès cinq heures du matin, ces jeunes se retrouvent sur le site pour commencer leur journée. Certains, cigarette à la main ou musique en fond sonore, se préparent à accueillir les premiers clients, parfois en partageant un sachet de Johnny Walker pour « bien démarrer » la journée.
Ainsi, malgré des conditions difficiles et une insécurité croissante liée à l’avenir de leur site, ces jeunes de Koumra démontrent une résilience et un sens du travail qui leur permettent de subvenir aux besoins de leurs familles et de rêver d’un avenir meilleur pour leurs enfants.