La deuxième audience du procès du journaliste Monodji Olivier et de 6 autres personnes poursuivies pour « intelligence avec des agents d’une puissance étrangère » a eu lieu ce 2 juillet 2025 au palais de justice de N’Djaména.

Deux informations principales sont à retenir de cette deuxième audience. La demande de mise en liberté de 4 des 7 prévenus faite par leurs avocats a été rejetée par le tribunal dès l’ouverture de l’audience. En effet, le journaliste Monodji Olivier du journal Le Pays, son confrère Mahamat Alhissein de l’Office national des médias audiovisuels (ONAMA), l’économiste et collaborateur des médias Ndilyam Nguékidata et l’agent immobilier Oumar Mahamoud Oumar Madani sont détenus depuis 4 mois alors que le fonctionnaire Bilal Abdelkader Abderamane et le journaliste Ahmat Ali Adji de Toumaï web média comparaissent libres. Le 7ème prévenu qui devait aussi comparaître libre reste introuvable.

L’autre fait majeur concerne les réquisitions du 9ème substitut du procureur de la République, Zadadine Adoum, qui a demandé au tribunal de condamner les 7 prévenus à deux ans de prison ferme.

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Tous les 7 prévenus sont accusés pour des faits liés à des rencontres avec deux agents russes entre août et septembre 2024 à N’Djaména. Hormis Bilal Abdelkader Abderamane, les cinq autres prévenus présents ont reconnu avoir reçu de l’argent pour leurs prestations. Les journalistes sont accusés par le ministère public d’avoir publié des articles de presse faisant la propagande contre certains Etats opposés à la Russie (France, Ukraine), l’agent immobilier d’avoir trouvé un immeuble à louer à ces Russes (pour en faire le centre culturel « Maison russe au Tchad »), le fonctionnaire Bilal et l’économiste Ndilyam Nguékidata d’avoir fourni des informations de nature à nuire aux intérêts économiques, à la situation diplomatique et militaire du Tchad à ces deux agents.

Les avocats des prévenus ont réfuté les réquisitions du 9ème substitut du procureur, qualifiant le dossier de « creux », de « vide » et ont demandé la relaxe pure et simple de leurs clients. Pour eux, il ne peut y avoir d’intelligence avec une puissance étrangère alors que le procureur n’a pas cité quelle est cette puissance étrangère, ni présenté à la barre les deux Russes à l’origine de cette affaire moins encore les autorités que ces deux Russes ont rencontrées durant leur séjour à N’Djaména. Ce qui fait dire aux avocats que « la justice tchadienne est instrumentalisée par l’exécutif ».

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Après plus de trois heures de débats houleux, le tribunal a mis le dossier en délibéré pour le vendredi 4 juillet prochain. Monodji Olivier et ses trois co-détenus vont donc passer au moins 48 heures encore à la maison d’arrêt de Klessoum.