Il y a quelques jours, le service de communication de la Primature a annoncé tambour battant par le canal du réseau social Facebook que « le Gouvernement d’Union Nationale et les Syndicats des Magistrats ont signé ce lundi 21 aout 2023, un protocole d’entente qui vient mettre fin à une longue grève qui a paralysé le système judiciaire tchadien ».

Bien qu’il est indiqué que cet accord est censé mettre fin à la grève revendicative des magistrats, plus d’une semaine s’est écoulé sans que les syndicats des magistrats n’appellent leurs membres à reprendre les activités judicaires. A tel point que les justiciables, qui s’impatient depuis plus de deux mois, certains, en étant en prison ou en ayant leurs affaires bloquées par la justice, se demandent s’il y a réellement eu accord.

Il a fallu attendre la sortie médiatique des membres des professions judiciaires libérales (avocats, notaires et huissiers) pour que l’opinion en sache plus sur ce qui cloche. A l’issue d’une assemblée générale commune tenue le 26 aout 2023, celles-ci ont signé un communiqué de presse conjoint pour apporter un soutien aux magistrats en qualifiant leurs revendications de « légitimes » avant de regretter le « manque de flexibilité » des deux camps à mettre fin à la grève. Aussi ont-elles relevé que l’accord annoncé est un accord imparfait car les membres de la partie gouvernementale concernés n’y ont pas tous apposé leurs signatures comme il se devait.

Pour les trois professions judiciaires libérales, s’il n’y a pas un dénouement jusqu’ici, c’est le ministre des Finances, qui refuse de signer ledit protocole d’accord, et de son collègue de la Justice, qui ne s’implique pas assez dans la résolution d’une crise qui relève de son département. « En effet, la signature du protocole d’accord intervenue le 21 aout dernier entre le Chef du Gouvernement et les Syndicats des Magistrats pour tenter de juguler cette crise, semble battre de l’aile du fait du refus, jusqu’à date, du ministre des Finances de signer ledit protocole d’accord, mais aussi du manque de l’implication du ministre de la Justice dans la résolution de ce conflit relevant pourtant de son département », ont-elles déploré.

Sachant que sans la signature du ministre des Finances, cet accord ne sera pas appliqué, les syndicats des magistrats se sont gardés d’appeler leurs membres à la reprise des activités. C’est d’ailleurs ce que disent les professions judiciaires dans leur communiqué : le refus du ministre des Finances de le signer « a pour conséquence de susciter une inquiétude légitime de la part des magistrats quant à l’application d’un tel accord et n’augure en rien un dénouement souhaité de cette crise », font-elles observer.

Au moment où nous accouchons ces lignes, c’est le surpeuplement et le désarroi dans les violons des commissariats et les pénitenciers où des milliers des détenus, dont le nombre croît tous les jours, attendent d’être conduits devant les juges. Chez les professionnels judiciaires, c’est l’incompréhension.