Le Tchad, à l’instar des autres pays de la planète, a célébré hier vendredi 17 juin, la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse.

Le Tchad a vécu la pire des sécheresses en 1973 et 1983-1984. Les sécheresses sont parmi les plus grandes menaces pour le développement durable, en particulier dans les pays en développement, mais aussi de plus en plus dans les pays développés. En fait, les prévisions estiment que d’ici 2050, les sécheresses pourraient toucher plus des trois quarts de la population mondiale.

Depuis les années 1970, selon le ministère de l’Environnement, le Tchad enregistre une baisse de la pluviométrie de 50% en moyenne sur l’ensemble du territoire. Illustration emblématique de ce phénomène d’assèchement : le Lac Tchad. Et dans une récente étude portant sur la vulnérabilité climatique dans 186 pays, le Tchad a été classé comme le pays le plus en danger. La combinaison entre une grande pauvreté, des conflits récurrents et le risque de sécheresse et d’inondation place le pays tout en bas de la liste, juste derrière le Bangladesh et bien loin de la Norvège, pays considéré comme le moins vulnérable au réchauffement.

Le thème de la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, qui a été moins commémorée au Tchad, le 17 juin 2022, a porté sur la sécheresse et les mesures précoces à adopter pour éviter des conséquences désastreuses. Le nombre et la durée des sécheresses ont augmenté de 29% depuis 2000, par rapport aux deux décennies précédentes, selon l’Organisation météorologique mondiale. Aujourd’hui, plus de 2,3 milliards de personnes sont confrontées au stress hydrique. Des chiffres croissants et inquiétants, d’autant plus qu’un enfant sur quatre dans le monde sera touché par ce phénomène d’ici 2040, selon l’UNICEF.

Le thème de la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse de cette année, « tous ensemble pour vaincre la sécheresse », met un accent particulier sur les actions à prendre en amont pour éviter des conséquences désastreuses de la sécheresse pour l’humanité et les écosystèmes planétaires.

La sécheresse de 1984 au Tchad

En 1984 au Tchad, au moins 2 000 personnes sont mortes de malnutrition, à cause de la sécheresse qui a sévi dans le pays et cela a occasionné un déplacement de population dépassant le chiffre de 150 000. Les dernières informations reçues de la FAO et du PAM indiquent que la production de céréales pour l’alimentation en 1984 est estimée a environ 290 000 tonnes, tandis que les besoins calcules sur la base d’une ration minimum sont de 615 000 tonnes de céréales et de 15 000 tonnes supplémentaires de vivres. « Il n’y a plus de stock de vivres dans le pays et les 25 000 tonnes promises en 1983 ne sont pas encore arrivées. Toute la population du nord du pays et une partie de celle du sud, soit environ 3 millions de personnes, est touchée par cette situation, et un grand nombre de personnes, en particulier dans la région d’Ati, se déplace vers les grandes villes », se remémorent les experts.

Pour éviter une autre sécheresse aussi désastreuse que celle de 1984, malgré toutes ces difficultés, l’atténuation des conséquences du changement climatique est possible. « Par exemple, les agriculteurs de la zone sahélienne semi-aride ont recours à une méthode de collecte des eaux de pluie, leur permettant de cultiver avec succès. Cette technique consiste à creuser de petits trous pour y semer les plantes. Le trou ainsi creusé retient l’eau de pluie pour une longue durée, se révélant très efficace quand l’eau vient à manquer », expliquent-ils.

Aussi, proposent-ils, l’agroforesterie, soit la combinaison de cultures et d’arbres dans un même champ, peut aussi aider à atténuer les effets du changement climatique et à s’y adapter. « Les racines des arbres stabilisent en effet les sols, leur permettant de résister à l’érosion provoquée en cas de pluies intenses ; cela permet également de participer à leur fertilité grâce aux feuilles en décomposition », explique Alyo Mbaïnaïkou, environnementaliste.

Pour lui, il est évident que la bonne santé économique d’un pays reste la meilleure manière de faire face au changement climatique. Le Tchad a commencé à produire du pétrole en 2003 ; il représente désormais 93% de ses exportations. Ce qui veut dire que le pays est à la merci de la baisse des cours du brut. Quand ce fut le cas, fin 2014, le Tchad a ainsi connu un considérable manque à gagner. « Inutile d’insister sur le fait qu’un pays sans moyen ne peut combattre les catastrophes naturelles imputables au changement climatique », estime-t-il.