Le Tchad commémore le 28ème anniversaire de son accession aux libertés et à la démocratie. Cette journée du 1er décembre, décrétée journée de la liberté et de la démocratie, marque la prise du pouvoir par le Mouvement patriotique du Salut en 1990. 28 ans après, quel est le bilan de l’exercice des libertés ? 

1er décembre 1990- 1er décembre 2018, voilà 28 ans que le régime MPS, dirigé par Idriss Déby Itno, est au pouvoir, amenant avec lui le vent de la démocratie dans ce pays qui n’avait connu que des années de dictature. A la prise de pouvoir, le Président de la République, Idriss Déby Itno, avait promis aux tchadiens la démocratie et la liberté en ces termes : « Je ne vous apporte ni or, ni argent, mais la liberté.» Comme une cicatrice, cette phrase reste gravée dans les mémoires des Tchadiens et se transmet de génération en génération. Mais quel est l’état de lieu de cette liberté clamée par Idriss Déby Itno après 28 ans de règne ?

« Depuis l’arrivée du régime MPS, il y’a un pas qui a été marqué dans la construction d’un Etat de droit au Tchad. Maintenant l’effectivité de la construction de cet Etat de droit rencontre beaucoup de problèmes entretenus par le pouvoir en place », répond Banadji Boguel Purus, président du Collectif des Association de Défense des Droits de l’Homme. Son point de vue est partagé par la majorité des citoyens tchadiens, pour qui la démocratie tchadienne est particulière.

Si la liberté se définit comme l’absence de contraintes, celle du Tchad doit être relative, car il y a beaucoup d’incongruités qui obstruent sa mise en effectivité. «Du côté des droits de l’homme, nous notons un grand recul, surtout avec l’institution de la IVème République, où beaucoup d’ordonnances liberticides ont été publiées, alors que le fondement de la IVème République prône le développement à la base », déclare-t-il.

Le Tchadien, qu’il soit fonctionnaire, étudiant ou débrouillard, voit tous les jours sa liberté violée. Et cela « à cause du comportement des individus qui gravitent autour du Président de la République », laisse entendre Banadji Boguel Purus. « Ce n’est pas tard, il appartient au chef de l’Etat en tant que garant des institutions de faire en sorte que les Tchadiens qui ont des compétences puissent apporter leurs contributions pour la construction de cet Etat de droit », conclut le président du Collectif des Association de Défense des Droits de l’Homme.