REVUE DE PRESSE – L’assassinat du procureur d’Oum Hadjer suivi de la grève des magistrats, la signature d’un accord entre le gouvernement tchadien et les Brasseries du Tchad (BDT) ou encore la réclamation par huit (8) des dix candidats à la dernière élection présidentielle de leur caution sont les sujets phares au menu de la revue de presse de la semaine du lundi 28 juin au dimanche 4 juillet 2021.

« La justice assassinée »

Le 23 juin dernier, le procureur de la République près le tribunal de grande instance d’Oum Hadjer dans le Batha, Ahmat Mahamat Hamba a été assassiné, à coups de poignard, dans son bureau par un individu. Selon N’Djamena Hebdo, cet individu se serait vengé de la mort en détention de l’un de ses proches. Ce journal qui titre à sa Une « La justice assassinée » indique que « ce crime vient compléter la longue série des intimidations et menaces faites à l’endroit des magistrats, avocats et autres personnels et auxiliaires de justice ». Pour Hebdo, magistrats et avocats en premier, gouvernants et justiciables, « tous ont tué la justice ».  Les magistrats, « les parfaits coupables, coupables d’avoir oublié le serment qu’ils ont pris en entrant en fonction et de faire allégeance à l’argent ou de courber l’échine devant le plus fort (…) C’est ensuite la faute des gouvernants qui ont transformé le milieu judiciaire en un  capharnaüm où se mélangent des individus de toutes espèces (…) Les justiciables en fin, par leur fautive complaisance (…) Beaucoup de justiciables (…) font des pressions sur les magistrats, soudoient les juges et les avocats pour laisser sans suite des procédures en leur défaveur ou gagner des procès d’où ils partent avec aucune chance », accuse N’Djamena Hebdo.

Abba Garde qui, dans sa rubrique « Débat de la semaine » a donné la parole à quelques acteurs de la justice et défenseurs des droits humains, abonde dans le même sens que N’Djamena Hebdo en indexant les gouvernants et les acteurs de la justice eux-mêmes d’être  à l’origine du dysfonctionnement de la justice tchadienne. En effet, le journal déduit des propos des personnes qu’il a interrogées que « la corruption, l’impunité, le recrutement des magistrats et la question du bilinguisme dans ce milieu, constituent, de l’avis des débatteurs, un handicap pour le bon fonctionnement de la justice ».   

Le journal La Voix quant à lui se demande si c’est « Un Etat ou une jungle ? ». Car, relève-t-il, « en moins d’une semaine, le pays est secoué par deux crimes sanglants (en plus de l’assassinat du procureur d’Oum Hadjer, un étudiant de l’université HEC Tchad a tiré sur son condisciple en pleine salle de classe le lundi 28 juin, Ndlr) qui confirment la détérioration du niveau de sûreté et de sécurité de la société tchadienne ».

L’assassinat du procureur d’Oum Hadjer a amené ses collègues magistrats à enclencher une grève illimitée et à poser certaines conditions avant toute reprise des activités. « Les magistrats exigent plus de sécurité dans leur travail », écrit ainsi Le Sahel dans sa parution du mardi 29 juin. « Les magistrats réclament d’être armés et protégés », renchérit Le Progrès du même jour. Une grève des magistrats qui, d’après le numéro du Progrès du mercredi 30 juin, limite d’autres activités. Ce journal rapporte qu’en plus de la paralysie des activités au palais de justice, les activités de petits débrouillards autour du palais (conducteurs de mototaxis, détenteurs de photocopieuses, restaurateurs, vendeurs d’eau fraîche et de jus d’oseille, etc.) ont aussi pris un coup.

Le gouvernement et les BDT font la paix

Evoquons maintenant cette signature d’une convention entre le ministère des Finances et du Budget et les Brasseries du Tchad (BDT) le 25 juin dernier. Avec cette convention, Le Sahel du lundi 28 juin informe qu’il sera procédé à la réouverture de l’usine des basseries de Moundou et à la baisse des prix des bières et autres produits des brasseries.  

Le Progrès du lundi 28 juin qui annonce également la réouverture prochaine de l’usine des BDT de Moundou et la baisse des prix des boissons parle d’un « Dénouement heureux du différend entre le groupe Castel et le Tchad ». Ce quotidien rappelle en effet que depuis plus d’un an, le non renouvellement de la convention  d’établissement (qui accorde des exonérations fiscales à l’entreprise mais lui impose aussi des obligations sociales) aux BDT du groupe Castel par l’Etat tchadien a perturbé les activités dans ce secteur, avec la fermeture de l’usine de Moundou, la grève des grossistes suite à la hausse des prix des boissons, etc.

Mais pour N’Djamena Hebdo, ce sont les BDT qui sortent gagnantes de ce bras de fer. Car, elles n’ont pas flanché et malgré des procédures devant des juridictions à Abidjan et à Paris, les plus hautes autorités du pays ont pesé pour la signature de cette convention. « Les Brasseries du Tchad et le Conseil national du patronat tchadien (Cnpt) n’ont pas manqué de souffler à l’oreille du président du Cmt (Conseil militaire de transition), qui est intervenu en faveur de la signature de cette convention de partenariat, quand il les a reçus en audience », écrit le journal.

« Rendez-nous nos cautions »

Selon N’Djamena Hebdo, huit (8) des dix (10) candidats à l’élection présidentielle du 11 avril 2021 ont écrit le 11 mai dernier au président du Conseil militaire de transition pour revendiquer le remboursement de leur caution de candidature qui s’élève à 10 millions chacun. Il s’agit de Lydie Beassemda, Alladoum Djarma Baltazar, Théophile Bongoro, Brice Mbaïmon Guedmbaye, Félix Romadoumngar Nialbé, Théophile Yombombé, Saleh Kebzabo et Ngarlejy Yorongar. Mais, relève le juriste et spécialiste en questions électorales Baïdessou Soukolgué interrogé par Hebdo, compte tenu du vide juridique à ce sujet (le président élu est décédé avant la fin du processus qui n’a donc pu aller à son terme), c’est une question purement politique.

Pendant que les candidats cherchent à se faire rembourser leur caution, l’organe en charge des élections, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est « au beau milieu de la tempête » selon La Voix. Cet hebdomadaire renseigne que si la CENI est actuellement « au four et au moulin » pour rendre son rapport d’activité, « son bilan financier risque d’être compliqué ». Car, note La Voix, « elle doit 7 mois de frais de loyer des bureaux et entrepôts aux bailleurs et 5 mois des indemnités à ses agents ».