Le Forum national de la jeunesse s’est ouvert ce 15 septembre à N’Djamena sur fond de tensions. Et pour cause : des collectifs de jeunes n’ont pas été invités à participer.

Le « forum national de la jeunesse du Tchad s’est ouvert ce samedi 15 septembre 2018 à N’Djamena. Jusqu’au 18 septembre prochain les 400 jeunes « figurants » — dont 200 de la capitale et 200 autres de l’intérieur du pays — vont se pencher sur leur avenir. Les critères de sélection et le temps imparti pour organiser cette messe dédiée à celle qui représente plus 60% de la population laissent le commun de mortel dubitatif.

« Tout ce qui est pour nous sans nous est certainement contre nous », disait un leader africain. Une citation qui résonne aujourd’hui dans les allées du forum où « les leaders des jeunes » issus des organisations qui devront valablement défendre l’intérêt de tous sont absents. Sans eux, cette rencontre est-elle donc « vouée à l’échec » ?

Délai d’organisation mis en cause

Primo : l’annonce de l’organisation du forum a été faite par le ministre en charge de la jeunesse, à près de deux semaines de Evènement. Pourtant, un tel événement qui décide de l’avenir de toute une jeunesse nécessite au minimum trois mois pour définir tout le contour de cette rencontre. Des plateformes devaient être mises à contribution pour recueillir tous les avis des jeunes.

Les démarches habituelles auraient donc été : la mise en place d’un comité pour recueillir les avis de toutes les couches, puis des concertations sectorielles, ensuite établir le listing des propositions sur les réseaux sociaux. Le forum national de la jeunesse n’a obéi à aucune de ces démarches. Une liste de jeunes qui vont participer à ce forum a été demandée aux maires d’arrondissements et aux autorités provinciales. Qui a donc été désigné ? Certains craignent que des proches parents soient envoyés pour bénéficier des retombées du forum.

Des organisations écartées

Secundo : la plupart des organisations des jeunes connues « pour défendre les intérêts » de la jeunesse ont été tout simplement écartées. Le bureau du Conseil national de la Jeunesse-Tchad (CNJ-Tchad) élu à l’issu du 4ème congrès n’a pas été associé. Alors que cette organisation regroupe en son sein une centaine d’associations des jeunes. Ils ont été écartés parce qu’au ministère, les responsables ont peur que certaines vérités sortent au cours de la séance interactive avec le chef de l’Etat.

L’autre absence, pas de moindre, est celui de CAMOJET (Collectif des associations et mouvements des jeunes du Tchad), qui vient de présenter un rapport alarmant sur la situation de la jeunesse tchadienne. Ce collectif risque-t-il d’étaler au grand jour les vrais problèmes de la jeunesse tchadienne ? Donc le ministère ne voudrait pas prendre ce risque qui coûterait le poste à plusieurs responsables.

Tertio : les résolutions et les recommandations préparées par le ministère à l’avance par des personnes d’une autre génération. D’après des sources au ministère de la Jeunesse, les différentes résolutions et recommandations du forum national de la jeunesse sont déjà élaborées par les cadres du département. Résultats ? Elles sont simplement soumises pour sa validation par ces jeunes coptés pour avaliser par acclamation. Beaucoup préviennent que l’avenir de la jeunesse est en jeu et il faudra faire très attention pour ne pas tomber dans les erreurs du passé.  A bon entendeur !