Le jeune dessinateur Abdelnassir Khalil expose ses dessins depuis le début du mois de février à l’Institut français du Tchad. Mais qui est vraiment  cet artiste pluridisciplinaire ? Portrait.

Il n’a jamais oublié cette fille sur un cheval. Son premier dessin. Teint ébène, traits fins et large sourire pour casser l’air sérieux qu’il se donne, Abdelnassir Khalil alias Nasta, 28 ans, est un jeune homme calme et observateur. « Un garçon très attentif et réservé, confirme sa grande sœur et initiatrice dans l’art Salma Khalil. Abdelnassir est un enfant qui avait ce grain artistique. »

Quatrième enfant d’une fratrie de sept enfants mais premier garçon de la famille, Nasta, à côté de sa passion pour le dessin, étudie la sociologie et l’anthropologie à l’Université de N’Djamena. Rien ne le prédestinait alors à devenir dessinateur. « Je suis arrivé là par accident, concède-t-il d’ailleurs. Ma deuxième grande sœur imitait les dessins de mangas. Et moi j’appréciais et lui demandais de souvent de m’en faire. Mais il arrivait qu’elle soit fatiguée et qu’elle me ramène à plus tard. Alors, un jour, je me suis fâché et j’ai dit : ‘Est-ce que je ne peux pas aussi dessiner ?’ J’ai pris une feuille et j’ai dessiné. »

Les premiers pas de Nasta

Tout est parti de là. Le dessin est devenu ainsi son compagnon. Après des heures de classe, il passe son temps à gribouiller à même le sol. « Je dessinais sur le sable et, dès son jeune âge, il regardais ce que je faisais. Je pensais qu’il s’amusait, je ne savais pas qu’avec le temps il irait si loin », confie Salma qui est également photographe. Nesta n’a en effet que 12 ans lorsqu’il accompagne sa frangine à une formation dispensée par Gerard Leclaire, peintre français passionné du Tchad. Il y apprend les bases du dessin : les proportions, les mouvements, …

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À 16 ans, il demande et obtient un stage au journal satirique Le miroir. Nasta y côtoie des dessinateurs tchadiens de renom, tels que Abakar Issaka Sou alias Abou, Samuel Daina alias Samy et Adji Moussa. Et il apprend beaucoup. Malheureusement, le média fait faillite et ferme. Lui a toutefois acquis de l’expérience au point de dépasser aujourd’hui sa grande sœur. Cette dernière le reconnaît et s’estime même fière de son petit frère. «  Je fais appel à lui pour les questions de perspectif. J’ai toujours de difficulté à ce niveau là. Et c’est Nasta qui m’a toujours aidé. Nous travaillons également souvent ensemble. »

Nasta signe sa toute première exposition en ce mois de février à l’Institut français du Tchad. Il affirme avoir reçu un soutien énorme de sa famille. Celle-ci « est toujours là, surtout la maman : elle m’a aidé financièrement pour cette expo. A chaque fois que je rentre, elle me demande comment c’était. Elle est toujours derrière moi et me remonte la morale », commente le jeune homme dont le soutien de ses proches est important dans son parcours. «  Lors du vernissage, mes trois sœurs étaient là et elles ont fait venir leurs amis. C’est tout ce que je demande : leur présence. »

Mais Nasta ne se cantonne pas au dessin. Artiste pluridisciplinaire, il est aussi danseur et chanteur. Le jeune homme a sorti quelques singles en 2018, parmi lesquels le titre Sois posé devenu un véritable tube.