N’DJAMENA, 2 mars (Xinhua) — Le Brevet de technicien supérieur (BTS), qui sanctionne deux années d’études post-bac au Tchad, fera désormais l’objet d’un examen national, selon un arrêté pris fin février par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

“A l’instar des certains Etats africains, nous avons décidé que l’organisation de l’examen et la délivrance de BTS sur l’ensemble du territoire national relève du monopole de l’Etat”, explique Abdelrahim Akacha, secrétaire général de l’Office National des Examens et Concours du Supérieur (ONECS).

Car, ajoute-t-il, chacun des instituts supérieurs de formation professionnelle qui prolifère de manière plus ou moins contrôlée au Tchad, “enseigne son programme et délivre des diplômes à sa guise, forme des gens non productifs pour la vie active”.

L’examen de BTS national pour l’année académique 2012-2013 sera organisé dans deux centres d’examen: N’Djaména et Moundou, les plus grandes villes du pays. Il concernera 13 filières dont 10 uniquement en français et trois en français et en arabe, les deux langues officielles du Tchad.

En plus d’une dizaine d’universités et d’instituts universitaires publics, le Tchad compte 356 structures de formation professionnelle, dont 127 sont implantées à N’Djaména, la capitale. Chacun de ces structures délivre à ses étudiants des diplômes dans une quarantaine de filières diversifiées.

Le BTS s’obtient actuellement sur table à la fin de deux années de formation. Dans beaucoup d’instituts privés, on le délivre même aux étudiants non titulaires du baccalauréat ou dans des filières fictives, c’est-à-dire qui ne sont pas enseignées. Les renseignements consignés dans les prospectus n’ont rien de commun avec la réalité du terrain.

Pour certains élèves qui n’ont pas obtenu le bac, le fameux sésame qui ouvre les portes des études supérieures, il suffit de s’inscrire dans un de ces instituts privés, de s’acquitter régulièrement de ses frais de scolarité. Et au bout de deux ou trois années académiques, l’on peut se faire délivrer un BTS ou une licence professionnelle. Chefs d’établissement, enseignants et étudiants trouvent salutaire la décision du gouvernent d’organiser un BTS national. “C’est une bonne décision. Les étudiants de l’université de N’Djaména ne vont plus nous considérer comme des étudiants de seconde zone. Désormais, nous serons tous sur le même pied puisque c’est l’Etat qui délivre nos diplômes”, se réjouit Djimet Adoum, étudiant en 3ème année de Sciences juridiques à l’Institut “La Francophonie” dans le VIIème arrondissement de N’Djaména. “Cette mesure est la bienvenue. L’examen du BTS d’Etat déterminera qui a son bac et qui ne l’a pas. Les élèves de niveau seconde et première (les classes du cycle secondaire, préparatoires au baccalauréat, Ndlr) ne vont plus oser s’inscrire dans un institut”, renchérit Jeannette Néloum en deuxième année de Sciences sociales.

Moussa Mahamat, un des responsables de l’Institut “La Francophonie”, salue la décision du gouvernement, mais déplore cependant son caractère brutal. “On met toujours la charrue avant les boeufs. Il faut un travail sérieux au préalable. Le gouvernement devrait mettre sur pied un programme national, voir sa mise en oeuvre et évaluer ce programme dans les différentes filières avant d’en arriver là”,dit-il.