Une génération, c’est l’équivalent d’un quart de siècle. Et cela fait déjà 23 ans qu’Idriss Déby Itno loge au Palais Rose. Pratiquement une génération de règne! Les enfants nés avec la démocratie sont-ils un gage pour l’avenir ? Cette question mérite d’être à l’ordre du jour en ce temps d’incertitude où le Premier ministre en personne fait des remontrances aux enseignants. Avec plus de 60 000 recalés au baccalauréat, l’on constate que c’est l’hécatombe. Notre système éducatif est au bord du gouffre. Si l’on fait un pas encore, ce sera la catastrophe. Il faut plutôt un bond, un grand bond de girafe pour éviter le pire. En admettant que notre école est malade, moribonde, on prend conscience que l’avenir du pays est hypothéquée. Les 5% des générations futures que nous avons souverainement décidé d’utiliser en bravant la Banque Mondiale, n’aurait servir qu’à bâtir des infrastructures avec la prétention d’être la vitrine de l’Afrique. L’Etat a oublié de construire d’abord les hommes, principale richesse d’un pays. Pêle-mêle, l’on a construit des écoles, des collèges et des lycées même à des endroits où l’effectif global des apprenants n’atteint pas la centaine. Mais où sont les enseignants ? Ceux formés traînent pour l’intégration. Ce sont des maîtres communautaires qui ont pris la craie dans l’arrière pays pour éviter le vide. La gratuite de l’école n’est valable que dans une partie du pays où des salles de classes entières sont vides. La où des élèves abondent, il n’y a que des hangars de fortune et des troncs d’arbres pour servir de blancs. Les parents d’élèves sont obligés de mettre la main dans la poche pour motiver les maîtres bénévoles. Certains parents découragés préfèrent que leurs enfants deviennent bouviers ou les aident dans les travaux champêtres. La perception de l’école devient négative puisqu’elle ne conduit plus à la fonction publique automatiquement ni ne procure de l’emploi. Rouler en V8 et être nommé administrateur n’est plus réservé à ceux qui sont allés à l’école. Voilà pourquoi les enfants de la démocratie n’ont ni leur part de l’or noir, ni l’argent qui en résulte mais la liberté d’échouer au baccalauréat en masse. Mais comme ce sont ces enfants qui « bâtiront le Tchad plus beau qu’avant dans la paix », il est grand temps que les décideurs ces – sent de sacrifier la jeunesse sur l’autel des ambitions bassement égoïstes et éphémères.

La Rédaction

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