La deuxième conférence des autorités coutumières et traditionnelles s’est tenue du 28 au 29 mai 2021 mai à N’Djamena. A cette occasion, Tchadinfos vous présente Djangbeye Habdekebeng Rebecca, la seule femme cheffe de canton au Tchad.

L’image est saisissante. La salle des conférences du Palais du 15 janvier est remplie des sultans et chefs de canton, presque tous des hommes. Presque tous, parce qu’il y a une femme parmi eux. C’est Djangbeye Habdekebeng Rebecca, la cheffe de canton de Koualé, à 58 kilomètres de Kelo dans la Tandjilé.

Agée de 60 ans, cette mère de 6 enfants a pris la suite du premier chef de Koualé, son père Djangbeye Malloum (décédé), en septembre 2014. Elle est l’aînée d’une fratrie de 10 enfants dont 6 vivants. « Je ne peux pas dire que le pouvoir est seulement pour les hommes, parce qu’on est né de père et de mère. Une femme peut gouverner comme un homme. Il n’y a pas un texte qui dit que tel ou tel attribut ou fonction est seulement aux hommes. Mon papa a vu en moi quelque chose, c’est comme ça qu’il m’a légué le pouvoir, bien qu’il a des garçons », répond-elle à la question sur ce que ça fait d’être une femme cheffe de canton, fonction exercée habituellement par les hommes.  

Cependant, elle reconnait que sa nomination a étonné les gens, même parmi ses collègues. « A la première conférence, quand je me suis présentée, les gens étaient étonnés », confesse-t-elle. Elle note que lors de cette deuxième conférence, ses collègues l’ont accepté et même encouragé.

Mais Djangbeye Habdekebeng Rebecca affirme faire toujours face au quotidien à des préjugés et même des « brebis galeuses » qui essayent de lui mettre « les bâtons dans les roues ». « Il y a des préjugés, il y a beaucoup de chose. Mais quand on est déjà devant une situation, on est obligé de se mettre, d’essayer. Il ne faut pas avoir peur. Si tu écoutes les préjugés, les critiques, tu ne peux pas avancer dans ta vie. Donc il faut affronter la vie en face », se résout-elle en soulignant que sa force c’est la grâce de Dieu, le courage ainsi que la vérité et l’impartialité dans le traitement des problèmes.

Etant agent du ministère de l’hydraulique, cette ingénieure du génie rural a désigné un représentant au village. Toutefois, elle assure descendre régulièrement au village et être en contact permanent avec son représentant pour la gestion de son canton.