Depuis quelques années, N’Djaména voit développer un commerce de véhicules défiant toute concurrence. Les espaces publics sont transformés en marché de voitures.

Au rond-point du Centenaire vers l’ouest du Building de Moursal, un espace dégagé d’une superficie de 1000 mètres carrés, entouré d’un grillage laisse voir au loin des véhicules de toutes marques. D’un côté, des véhicules gros porteurs; de l’autre, des petites voitures de différentes marque sont parquées: des Toyota Rav4, Corolla, Gxr, V8, etc. Aucune inscription relative à la vente des véhicules n’est affichée. Autour de cet espace, des arbustes fleurissants et verdoyants servent de rideaux. Une barrière bloque l’entrée. A l’intérieur, des individus assis sur des chaises à côté des engins dont l’un lit un journal partagent des tasses de thé vert. Des salamalecs se succèdent. En plein milieu de cette cour, un garçon d’une dizaine d’années, cheveux touffus, lave la centaine de véhicules parqués. “C’est l’un des gros parcs du coin”, renseigne Achim, un client venu fraîchement de la France. Ces espaces de vente des véhicules existent partout dans la ville de N’Djaména, du quartier Abéna à Kabalaye, en passant par Dembé, Amtoukouin et Paris-Congo. Ils sont pour la plupart situés en bordure des grandes artères. Les usagers des avenues Pascal Yoadimnadji, 10 octobre, Mobutu ou Goukouni Weddeye ne se lassent pas d’apprécier les voitures exposées pour la vente. Tous ces espaces sont des zones dont les habitants ont été déguerpis par la mairie. “Nous louons ces espaces à la mairie pour notre commerce”, informe Mahamat Issa Zourga, président de l’Association des commerçants importateurs des voitures neuves et congelées. Des particuliers viennent aussi parquer leurs véhicules dans ces espaces. “Ces véhicules que vous voyez à l’entrée du parc ne sont pas les miens, mais pour les particuliers qui les garent le soir et les retirent le matin”, indique Mahamat Issa Zourga.

Un circuit spécifique d’approvisionnement les voitures sont importées de l’Europe, via les ports de Cotonou (Bénin) ou de Douala (Cameroun). Des intermédiaires tchadiens basés à Cotonou cherchent auprès des Libanais, des voitures qu’ils proposent ensuite aux commerçants de N’Djaména. “Si nous sommes intéressés, nous transférons de l’argent à nos représentants qui nous acheminent les véhicules” , explique le président. Selon Mahamat Issa Zourga, les véhicules entrent au Tchad par la ville de Bol où les formalités douanières et fiscales sont remplies, puis arrivent à N’Djaména. Mahamat Galmai, jeune concessionnaire dans ce domaine, déclare que ces véhicules ne proviennent pas essentiellement du port de Cotonou, mais aussi de Dubai. Le prix de vente d’un véhicule dans ces espaces varie selon la qualité. “Une Toyota Corolla sans climatiseur se vend à 3 millions francs CFA” , explique un commerçant. Mais d’après Mahamat Zourga, pour avoir un véhicule en bon état il faut au moins débourser 4 millions francs CFA. “J’ai acheté une voiture ici à quinze millions et elle tourne normalement” , confie Achim un client rencontré dans un espace de vente. Il apprécie la qualité des véhicules que vendent ces commerçants. “J’ai choisi ce point de vente parce que le gars a de bons trucs. Si la voiture que j’ai achetée précédemment ne lâche pas au bout de trois mois, je vais continuer à faire des affaires avec lui” promet-il . La clientèle de ces espaces de vente de voitures se trouve tant dans les entreprises que chez les particuliers. Pour faire tourner les affaires au mieux au parc, les commerçants font recours à des démarcheurs et à un certain nombre d’employeurs. “J’emploie quatre personnes qui s’occupent du lavage, de la sécurité, de la mécanique et de la pneumatique” , confie un commerçant.

NF

N’Djamena Hebdo #1487 disponible en pdf sur boutique.tchadinfos.com