Le pays de Toumaï dispose de richesses culturelles énormes qu’il s’agisse de son passé ou du talent de sa génération actuelle. Malheureusement cette culture a toujours eu du mal à s’exporter et s’imposer sur la scène africaine et internationale. Peu visible et donc peu comprise et plébiscitée par les autres. Ce week-end par contre les étoiles se sont alignées et en l’espace de trois jours, 5 jeunes tchadiens ont su imposer leur talent et se hisser sur le toit de l’Afrique. Ce fut un week-end doré pour la culture tchadienne.

L’Afrique est bleu-jaune-rouge pourrait-on dire. Ce week-end au Ghana, Caleb Rimtobaye, leader technique des H-Sao, qu’on ne présente plus décrochait le titre de Meilleur DJ d’Afrique aux African Music Awards AFRIMA 2018. Par ce prix, le natif de N’Djaména, confirme la qualité de son projet de métissage acoustique entre afro-beats, sonorités orientales et électros qu’il porte depuis quelques années avec Afrotronix. Une récompense qui n’étonne guère les habitués de l’homme vêtu de blanc et son casque futuriste tout droit sorti d’un film de science-fiction. Caleb aka Afrotronix a su puiser l’inspiration dans ses origines pour proposer à l’Afrique entière ce savant mélange.

Et bien avant que le jour ne se lève, les Tchadiens apprenaient aussi qu’une autre de leurs compatriotes s’imposait devant les nations. Jessica Guibordeau, mannequin d’origine tchadienne de 25 ans, bien connue sur les réseaux sociaux, devenait Miss UA France. La beauté africaine est d’abord tchadienne. C’est la deuxième année consécutive qu’une Tchadienne porte cette couronne. La jeune fille, triomphante de grâce, armée du caractère bien trempé qu’on nous connait va être le visage de la diaspora africaine de France, l’égérie des femmes africaines et noires dans l’une des nations les plus influentes du monde… Et elle est tchadienne. Elle portera partout avec elle, le +235.

Mais c’est surtout du côté de Tunis que le Tchad s’est le plus fait remarquer. Avec 3 prix récoltés aux African JC Awards. Cette compétition de la diaspora africaine au pays du Jasmin. Al-Hadj Tawa et Mandargué, spécial guests de l’événement, sont repartis avec les Prix de Meilleurs Humoristes avant que le jeune Nathan Haran ne soit élu Meilleur Photographe. Le Maghreb a appris à ses dépens que nous maitrisons aussi bien le multimédia et l’art du rire que les armes. Le Tchad a fait main basse sur la culture africaine en un week-end… et va garder cette position le temps d’une année, où nul ne pourra retirer aux enfants de Toumaï la reconnaissance de leur talent.

Au-delà, de nous extasier devant cette coïncidence excitante, nous aimerions aussi croire qu’il ne s’agit pas là d’un événement isolé. Que cette reconnaissance par toute l’Afrique va impulser une dynamique créative au sein de la population et réveiller tous nos talents endormis. Cette ambition va au-delà de la culture elle seule, car ces prix d’aujourd’hui vont construire la réputation de notre pays bien loin des clichés qu’on nous attribue. Pour nous développer, nous avons besoin de déployer tout notre talent, d’attirer le regard des investisseurs et du monde vers nous. Et ce sont ces récompenses-là qui nous permettront d’atteindre cet objectif.

Ce week-end, le Tchad a pris en otage la culture africaine, merci à nos cinq talentueux représentants… mais prière qu’il ne retombe pas dans l’oubli auquel il a été si longtemps habitué. Espérons que ça dure comme la pluie et le beau temps.