PORTRAIT – Votre site Tchadinfos.com continue de vous dresser les portraits des femmes tchadiennes ayant une histoire particulière en ce mois de mars, dédié à elles. Aujourd’hui nous vous présentons Fatimé Soukar Djibrine Térap, diplômée en gestion aéronautique, censée être entre deux avions, mais qui abandonne sa vocation initiale pour consacrer sa carrière à la terre.  

En 2015, après ses études, Fatimé Souckar Djibrine Térap regagne le pays. Elle découvre alors un secteur encore vierge, l’agro-business. Des histoires particulières et personnelles poussent la jeune femme, à explorer cette piste. Fatimé Souckar Djibrine Térap, arrive un jour au marché central de N’Djaména, à une matinée de l’hivernage, où les caniveaux viennent d’être curés. Là elle découvre une autre réalité du pays. Des femmes vendeuses de légumes étalent leurs marchandises à même le sol, à côté des tonnes d’immondices. « L’idée m’est arrivé de ce constat. Je me suis dit, si dans d’autres pays, on achète les légumes dans les supermarchés,  pourquoi pas alors chez nous », se rappelle-t-elle.

Le décès d’un de ses neveux, suite à la malnutrition, vient renforcer ses ambitions. « Je sais que je ne peux pas changer les choses ni aujourd’hui, ni demain, mais je vais apporter ma petite contribution pour que personne ne meurt de faim ou de malnutrition », se lance-t-elle ce défi.

A l’orée de ses 30 ans, Fatimé Soukar Djibrine Térap est la dirigeante du réseau des acteurs pour la production agricole bio du Tchad, cofondatrice et présidente de l’Organisation de la jeunesse africaine dans l’agro-alimentaire (AYA-Tchad). Elle fournit des aliments biologiques, frais et locaux à ses compatriotes.

Depuis janvier 2018, Fatimé Souckar Djibrine Térap a ouvert une supérette dénommée «Khadar Market & Garden » dans à Béguinage, au centre de N’Djaména. Dans cette petite boîte, la jeune dame propose une variété de produits notamment des légumes de première nécessité, des fruits, des poissons, de la viande etc.

Sa boutique est ravitaillée par des champs, mais aussi par le réseau des acteurs pour la production agricole bio qu’elle a fondé et dirige, ainsi que des producteurs des alentours de N’Djaména et de l’intérieur du pays. Certains produits tels que : ananas, plantain, orange, avocat ou igname proviennent du Cameroun voisin.

Cependant, depuis quelques mois, la supérette est en réfection. Fatimé Soukar confie qu’elle est déjà même débordée par les commandes des grandes sociétés surtout pétrolières exerçant au Tchad. « Nous avons acheté notre véhicule frigorifique. Les commandes sont très élevées. Les travaux en cours de la supérette permettront aussi d’exposer nos nouveaux produits transformés au Tchad, surtout les épices. Nos clients font leur commande via notre site internet, première plateforme de vente en ligne de légume au Tchad » explique-t-elle.  

Rien ne prédisposait que cette mère de quatre enfants, mariée à l’âge de 16 ans, formée à la prestigieuse académie d’Ethiopian Airlines puisse se retrouver sur ce terrain. Elle est nantie d’un diplôme de gestion aéronautique, et elle a préféré se lancer dans l’agro-business.  

Mme Fatimé Soukar
Djibrine Térap!Ph DR

Ainsi, l’ancien officier et agent de liaison d’Ethiopian Airlines décide de se lancer dans l’agriculture, à la surprise générale. Fatimé Souckar va investir ses propres économies dans la terre. Dans sa famille, l’on ne comprend pas son choix car l’agriculture est faite pour les hommes, pas pour les femmes. Mais pour la jeune dame, « la terre est la première richesse que Dieu a donnée, ses ressources ne sont pas tarissables alors que les autres secteurs sont limités d’une manière et d’une autre ».

En effet, Fatimé Soukar Djibrine est née le 20 septembre 1989 à N’Djamena. Elle a obtenu son baccalauréat série D en 2006. Elle étudie les sciences sociales à l’Ecole supérieure de commerce de Dakar avant de s’envoler pour Addis-Abeba, en Ethiopie, pour rejoindre son époux. Dans la capitale éthiopienne, Fatimé Soukar Djibrine Térap, s’inscrit à l’académie de la compagnie Ethiopian Airlines.  Elle suivra d’autres formations, notamment en gestion hôtelière, en administration des affaires et en technologies de l’information, puis entame une carrière professionnelle. De la compagnie Ethiopian Airlines, à la division protocole de l’Union Africaine, elle fait ses preuves.

Elle ambitionne de mettre « fin à la pauvreté et à la faim au Tchad ». Car elle ne se voit pas travailler dans son domaine de formation, un secteur selon elle, très peu développé au Tchad.