Depuis 2018, Dr Kam-Rigne Laossi, agronome tchadien basé à Abidjan en Côte d’Ivoire a implanté une ferme dans la région de Doba. Il y pratique plusieurs cultures nouvelles.

Bekamna, à 5km de la ville de Doba. C’est dans ce village que Dr Kam-Rigne Laossi a implanté « La Ferme Nova ». Il y plante cacaoyers, caféiers, plantains, ananas, avocatiers, palmiers à huile, corossoliers, colatiers, annoniers.  A côté de ces cultures que l’agronome vient d’introduire dans le pays, il y a également des plantes locales : manguiers, anacardiers, agrumes, goyaviers, bananiers. La ferme s’étend sur une vingtaine d’hectares mais pour le moment seule une dizaine d’hectares est exploitée. En plus des arbres fruitiers, le promoteur de « La Ferme Nova » renseigne qu’il y a également des arbres d’ombrage pour « recréer un microclimat, régénérer le sol avec les feuilles qui vont tomber et contribuer à la conservation de la biodiversité ».

Dr Kam-Rigne Laossi indique qu’au début, il a fait venir les techniciens de la Côte d’Ivoire pour lancer les nouvelles cultures. Mais, poursuit-il, il y a déjà eu transfert des compétences et en ce moment il y a une vingtaine de nationaux qui travaillent à la ferme.

L’agronome affirme avoir importé les semences de la Côte d’Ivoire pour commencer mais que certaines plantes donnent déjà des fruits (3 récoltes pour le plantain, 2 pour le cacao). Ce qui leur permet d’avoir désormais des semences sur place.

En ce qui concerne l’eau, Dr Kam-Rigne Laossi informe qu’ils utilisent des forages qui fonctionnent au générateur et au solaire mais également des puits traditionnels. Il souligne aussi qu’ils produisent eux-mêmes leurs insecticides ainsi que le fumier et le compost.

Motivation

Dr Kam-Rigne Laossi a une riche carrière à l’international (il a enseigné à l’université de Rouen en France, il a travaillé entre autres à Nestlé, à l’Institut International d’Agriculture Tropicale et est depuis décembre 2019 directeur de la Recherche agronomique Cacao pour l’Afrique de l’Ouest à la multinationale Olam). Qu’est-ce qui l’a donc motivé à revenir au pays se mettre au travail de la terre ? « Ces cultures sont possibles si on est convaincu, si on met les moyens nécessaires, le bon matériel végétal, on peut le faire. Il faut qu’on sorte de ce paradigme qui nous a été laissé dans les années 50, 60 où on nous a fait croire que dans les pays dits sahéliens, on ne peut produire que du mil, du sorgho et de temps en temps faire un peu du manioc et du coton », assure-t-il. Pour lui, le Tchad importe un peu de tout, il vise donc à alimenter le marché local par ses productions.