“Un moyen de tirer la littérature tchadienne vers le haut”, Kaar Kaas Sonn.

C’est un événement majeur pour les amoureux de la littérature africaine en général, et tchadienne en particulier. La rentrée littéraire tchadienne, qui en est à sa deuxième édition, compte bien rapprocher la diaspora et le livre tchadien lors d’une journée riche en discussions, musique et échanges. Ce samedi 28 octobre, rendez-vous est donné à l’ambassade du Tchad à Paris. Monsieur Flavien Kobdigue, membre de l’organisation, plus connu sous le nom de Kaar Kaas Sonn, nous parle de cet évènement. 

Nous sommes déjà à la deuxième édition de la rentrée littéraire tchadienne, quel est le programme ?

Lors de cette deuxième édition, plusieurs rendez-vous sont proposés au travers de débats d’auteurs, de rencontres, de lectures, de dédicaces et  un concert. La rentrée littéraire se veut aussi un tremplin pour faire se rencontrer le livre tchadien et le lecteur. Il y aura une conférence sur le thème « refaire l’Afrique » animée par Mohamed Mbougar Sarr (Sénégal) et Sami Tchak (Togo).

Nous aurons aussi la présence de Mohamed Mbougar Sarr, un jeune et talentueux auteur sénégalais, dont le premier roman, « Terre ceinte » a reçu en 2015 le prix Ahmadou-Kourouma au salon du livre de Genève puis le Grand prix du roman métis de Saint-Denis-de-la-Réunion. Son nouveau roman « Silence du chœur » promet également.

Sami Tchak est un auteur togolais, reconnu sur le plan international. Il a écrit beaucoup de livres et a reçu en 2004, le grand prix littéraire d’Afrique noire, pour l’ensemble de son œuvre.

Trois auteurs (Vane KienMika Kanane et Mohamed Guellati, acteur et dramaturge) liront des  passages livres d’auteurs tchadiens :

–       Nimrod : Les jambes d’Alice, chez Actes Sud,

–       Ndjékéry : Les trouvailles de Bemba, Editions La Cheminante ;

–       Mahamat Saleh Haroun : Djibril ou les ombres portées, chez Gallimard. 

Pour finir en beauté, l’artiste Clément Masdongar donnera un concert de clôture.

La littérature tchadienne a-t-elle de beaux jours devant elle ? Quels sont ses meilleurs représentants ?

Le Tchad se projette dans tous les domaines et je pense que la littérature a toute sa place dans les jours à venir. C’est par elle aussi que se construit une certaine identité, car elle véhicule des valeurs universelles et permet des réflexions qui, parfois, aboutissent, d’autres fois pas. La littérature apporte donc sa contribution aux transformations des sociétés.

Nous avons quelques noms qui sortent du lot, je cite Joseph Brahim Seïd, Antoine Bangui, Baba Moustapha, Maoundoé Naïndouba, Koulsy Lamko, Ndjékéry, ainsi que toute la nouvelle génération qui arrive.

Le meilleur représentant de cette littérature sont celles et ceux qui prennent leur temps pour écrire, peu importe comment, car ce sont d’abord nos histoires et nous sommes, seuls, bien placés pour le faire.

Cette année, vous avez invité des auteurs intervenant étrangers. Pourquoi cette démarche d’ouverture ?

C’est la quête de l’échange et ce projet s’inscrit dans cette lignée. Aller vers les autres, se frotter à eux, bénéficier de leurs expériences… C’est ce qui donnera de la qualité au contenu de nos publications.

Le thème de cette année est « refaire l’Afrique ». À votre avis, comment les littéraires peuvent-ils contribuer à refaire l’Afrique ?

Comme je disais, la littérature travaille à la modification des sociétés. Il est temps aussi de discuter des choses qui concernent l’Afrique par les Africains eux-mêmes. D’autres ont tenté de le faire à notre place, mais ils l’ont très mal fait et cela engendre aujourd’hui des boulets qui nous empêchent de nous projeter. C’était à travers des yeux étrangers qu’on essayait de dépeindre nos valeurs et parfois, on les a galvaudées.

Qu’est ce qui vous a poussé à initier ces rencontres littéraires tchadiennes?

Le souci de tirer cette littérature vers le haut en la faisant se rencontrer avec d’autres et en la proposant à ses lecteurs.

La diaspora tchadienne répond-elle présente à cette invitation à découvrir la littérature nationale ?

Oui, vous savez, à l’étranger, le sentiment d’appartenir à un pays est très fort. L’an passé, nous l’avons remarqué. Autour d’un repas offert par l’Ambassadeur, les visages étaient réjouis et apaisés. C’est aussi l’occasion de nous poser, de poser nos yeux sur d’autres choses que ce qui nous oppose, bien souvent, un livre en main, discutant avec un auteur ou échangeant sur un livre.

Quels sont les problèmes que les auteurs tchadiens rencontrent dans leur travail ?

Je pense que c’est essentiellement un problème d’appui. Avec un peu de moyens, on pourrait les aider à aller plus loin, sortir de leurs tripes une littérature de bonne facture. Ensuite, il faudra penser à la diffusion et aux droits d’auteur.

Le ministère de la culture vous soutient-il dans votre démarche ?

Ils sont tenus informés de la démarche, même s’ils ne soutiennent pas matériellement (car ils semblent ne pas rouler sur l’or).

Si vous aviez un message, quel serait-il et à qui sera-t-il adressé ?

Pour la Rentrée Littéraire Tchadienne de Paris, mon souhait serait que chacun de nous passe le message autour de lui et pense à y inviter amis et connaissances. Penser aussi à offrir un livre tchadien, ça fait énormément de plaisir. Et rendez-vous samedi à Paris.

La participation aux différents événements de cette journée est libre.

Je tiens à remercier particulièrement SEM Amine Abba Sidick pour son soutien ainsi que tous ceux qui ont préparé cette Rentrée : Jean-Maurice Bamaré, Limane Oumar, Augustin Tabo, Abderaman Koulamallah.