Le chef de l’Etat, Idriss Déby Itno a reçu ce dimanche les Oulémas du Conseil supérieur des affaires islamiques (CSAI) du Tchad pour la traditionnelle présentation des voeux. A cause de la pandémie de Covid-19, seulement 6 Oulémas ont fait le déplacement du Palais rose. Voici l’intégralité du mot du chef de l’Etat en réponse aux voeux des membres du CSAI.

“Permettez-moi d’emblée de vous exprimer toute ma gratitude pour les vœux de paix, de santé et de bonheur que vous avez formulés à mon endroit, à l’endroit de ma famille ainsi qu’à la nation toute entière.

Je voudrais, en retour, vous souhaiter mes vœux les meilleurs. Puisse le Bon Dieu nous combler de sa miséricorde, de sa grâce et surtout prendre notre pays sous sa protection contre le Coronavirus.

En effet, le ramadan de cette année s’est écoulé dans des conditions particulièrement inédites imposées par un contexte sanitaire menaçant.

La fermeture des lieux de culte et les mesures de distanciation sociale en particulier ont pesé durant cette période de piété et de partage.

Je n’oublie pas également que ce mal planétaire qui est la pandémie de Coronavirus a affecté des nombreuses familles tchadiennes.

Je voudrais exprimer toute ma compassion à l’égard des personnes qui ont souffert de cette maladie et les familles endeuillées.

Je souhaite également un prompt rétablissement à ceux de nos compatriotes qui souffrent en ce moment même de la COVID-19.

Le combat contre la COVID-19 n’est pas terminé. Le virus est parmi nous et continue de circuler. Malheureusement, ce virus est parti pour perturber durablement la quiétude des populations à travers le monde.

Nous devons, individuellement et collectivement, redoubler de vigilance, de détermination et de discipline pour parvenir à l’éradication de ce mal malicieux. 

Chers Oulémas,

Dans ce combat, les hommes de Dieu que vous êtes, avec vos confrères des confessions sœurs, vous avez un grand rôle à jouer dans la conscientisation de nos concitoyens.

Tout en vous félicitant du travail de sensibilisation déjà effectué, je vous exhorte à amplifier les campagnes de sensibilisation et à multiplier les invocations pour que notre pays arrive à bout du Coronavirus.

Pour cela, vous avez tout mon soutien et celui du Comité de Gestion de la Crise Sanitaire que je préside personnellement.

Ensemble, nous devons convaincre les autres tchadiens qu’il n’y a point de salut contre le Coronavirus sans le respect des gestes barrières et des mesures de distanciation sociale décidés par le Gouvernement avec l’aide des scientifiques.

L’Attitude individuelle de chaque Tchadienne et de chaque Tchadien reste déterminante dans la protection de la collectivité.

Ce combat, nous devons le mener dans la sérénité et le sang-froid, c’est-à-dire sans panique, sans psychose et sans stigmatisation des malades.

Le Coronavirus est une maladie très contagieuse et encore méconnue. Mais nous devons également savoir que dans plus de 95% des cas, les personnes contaminées guérissent naturellement sans la moindre complication.

 Ce combat contre cette pandémie, nous allons le gagner par la grâce de Dieu, Nous allons le gagner car  nous sommes un peuple résiliant qui sait affronter et surmonter les épreuves.

Chers Oulémas,

Dans ce combat dont j’ai pris la tête, notre responsabilité est de limiter les ravages du coronavirus sans sacrifier les autres mesures des libertés fondamentales et les nécessités vitales sur le plan économique et social.

C’est dans cette optique que nous avons fait le choix d’adapter en permanence notre approche stratégique de gestion de la crise sanitaire.  C’est en conservant ce compromis entre l’impératif sanitaire et les contraintes de la vie socioéconomique de notre pays que nous sortirons vainqueur de cette situation endémique.

L’ouverture des marchés, restaurants et la reprise des transports interurbains est effective. C’est au regard de l’évolution de la pandémie et surtout de la capacité disciplinaire des Tchadiens que les autres mesures seront levées progressivement.

Mais si d’aventure, les tchadiens ne respectent pas les gestes barrières, rien ne nous empêchera de rétablir les décisions restrictives et coercitives pour protéger nos concitoyens. Privilégions donc, la discipline, respectons les mesures barrières pour stopper la propagation de cette maladie qui n’a que trop endeuillé les tchadiens.

L’Etat mobilise des ressources colossales, afin d’affronter la pandémie et sa cohorte des conséquences de tous ordres. Ces ressources exceptionnelles doivent être gérées avec la plus grande rigueur et dans la plus grande transparence. L’urgence sanitaire ne doit pas légitimer des pratiques frauduleuses et les tentations mercantiles.

De toute façon, après le temps de la gestion viendra le temps du contrôle. Gare à tous ceux qui seraient tentés par le gain facile en ces temps de pandémie.

Chers Oulémas,

Je voudrais profiter de cette occasion pour lancer un appel aux tchadiens d’investir les champs pour booster notre production agricole de l’année 2020 sur laquelle plane une menace de famine.

Je veillerai personnellement à ce que tous les moyens et toutes les facilités soient mises à disposition pour encourager tous ceux qui veulent investir dans la terre. Nous agirons dès la semaine prochaine.

La pandémie ne doit pas non plus nous faire oublier que la menace terroriste continue de planer sur notre pays malgré la récente défaite infligée à la secte BOKO HARAM. Nos forces de défense et de sécurité ainsi que l’ensemble de nos compatriotes doivent conserver le même niveau de vigilance.

Bref, dans l’adversité du combat contre la COVID-19, nous devons également focaliser notre attention sur les autres défis de la nation et ne pas oublier qu’il y a des maladies plus meurtrières dont il faut continuer la prise en charge.

Les différentes confessions religieuses doivent occuper une place de choix dans la recherche des solutions à toutes les questions d’intérêt national. Je sais compter sur les leaders religieux, leurs collaborateurs et leurs disciples comme je l’ai toujours fait.

Une fois de plus, je vous souhaite une excellente fête d’Aïd-El-Fitr, en réitérant mes vœux les plus ardents de paix, de stabilité, de sécurité, d’unité et de cohésion sociale.

Je vous remercie.”