Le parc national de Zakouma renferme une biodiversité riche et variée. Ce qui attire les braconniers. Un défi de taille qui nécessite une mobilisation collective, dit Cyril Pélissier, directeur de ce parc. Interview.
Comment se présente le parc national de Zakouma ?
Le parc national de Zakouma est une aire protégée. Il est créée en 1963. Il a une superficie de plus de 3000 Km2 et se trouve dans les provinces du Salamat et du Guera. Le parc est aujourd’hui l’un des derniers refuges pour la grande faune sauvage, les grands mammifères que sont les éléphants, les girafes, les lions, les grandes antilopes. C’est un refuge non seulement pour le Tchad mais aussi pour l’Afrique du Centre et de l’Ouest. Puisque partout ailleurs cette grande faune sauvage a disparu.
Le parc est entouré d’une réserve de faune appelée réserve de faune du Barh Salamat qui a été créé en 1964 et qui est partagée entre le Salamat, le Guera et le Moyen-Chari. Elle constitue une zone au sein de laquelle la faune qui est dans le parc en saison sèche ou en saison pluvieuse peut s’épanouir lors des migrations saisonnières.
Quels sont les défis liés à la gestion de ce parc ?
La gestion du parc fait face à plusieurs défis. Le premier est le braconnage. On l’a encore vu cette année avec un certain nombre d’actes illégaux qui ont été posés dans la réserve de faune du Barh Salamat et dans le parc. Ce braconnage a été un grand fléau pour le parc au cours des décennies précédentes. Il y a aujourd’hui un regain de braconnage et c’est pourquoi l’ensemble des acteurs à commencer par les autorités de la République du Tchad sont pleinement mobilisées pour faire face à défi.
Un deuxième défi est celui lié au conflit homme-faune. La faune sauvage peut créer des conflits avec des activités humaines et c’est un domaine sur lequel on intervient en soutien aux communautés de telle sorte que ces conflits soient atténués.
Un troisième défi est de s’assurer que les communautés riveraines, qu’elles soient sédentaires ou nomades puissent bénéficier des retombées économiques du parc national de Zakouma. Et ces retombées s’organisent au travers de l’emploi, de la mobilisation du tissu économique, des opérateurs fournisseurs de biens et de services dans les provinces du Salamat et du Guera. Ces retombées sont aussi constituées d’un certain nombre de projets d’accompagnement initiés par le parc dans le but de développer les activités génératrices de revenus et aussi les services sociaux de base.
Quels sont les dégâts causés par le braconnage ?
En 2025, 10 girafes ont été abattues par les braconniers dans la réserve de faune du Barh Salamat sur une population estimée à un peu plus de 1300 girafes et récemment deux rhinocéros ont été abattus dans le parc.
D’où viennent les braconniers ?
Les enquêtes sont en cours. Je ne peux malheureusement pas vous dévoiler ces informations qui sont aujourd’hui en cours d’instruction. Ce qui est certain c’est que lutter contre le braconnage c’est faire preuve de civisme. C’est aujourd’hui important que le Tchad puisse protéger ces espèces animales qui ont disparu partout ailleurs. Ainsi, le Tchad va préserver ses capacités de croissance économique basée sur cet environnement très riche et très exceptionnelle. Lutter contre le braconnage, c’est l’affaire de toutes et tous.
Comment se porte le tourisme au sein du parc ?
Le tourisme est une activité importante pour valoriser cette biodiversité. Il est générateur d’emplois, de retombées économiques. La saison est encore en cours donc je ne peux pas vous donner des statistiques en comparaison des années précédentes. Ce qui est certain c’est que le tourisme est une priorité non seulement pour le gouvernement mais aussi pour African Parks. Nous faisons le maximum pour attirer aussi bien les touristes nationaux, que les touristes étrangers. Zakouma est une destination fortement reconnue dans le milieu du tourisme de nature en Afrique. Nous avons la chance d’accueillir des visiteurs des cinq continents qui viennent admirer ce très beau joyau.
Il y a clairement une dynamique d’intérêt et d’adhésion au fait que Zakouma est un très beau projet, un très beau produit touristique. Néanmoins, ce qu’on a constaté c’est que le tourisme reste dépendant de beaucoup de facteurs qui sont parfois hors de notre contrôle. On le voit aujourd’hui par exemple avec les nouvelles orientations politiques et économiques aux États-Unis, toute la thématique sur les tarifs douaniers, etc. Les saisons se succèdent. Le tourisme va de l’avant. Néanmoins, il y a aussi des variations des années.
Propos recueillis par Ndalet Pohol