PARIS – Les principales banques françaises participent à l’insécurité alimentaire mondiale croissante en finançant les producteurs d’agrocarburants, dont la culture entre en concurrence avec la production alimentaire, dénonce l’association Oxfam France dans un rapport publié mercredi.

Selon l’ONG, cinq banques françaises (BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, Banque populaire/Caisse d’Epargne et Crédit mutuel) ont accordé, entre 2009 et 2012, plus de 4 milliards d’euros de prêts aux dix principaux producteurs européens d’agrocarburants.

Ces banques ont aussi soutenu l’activité de ces entreprises en émettant des actions et obligations pour un montant total de plus de 3 milliards d’euros sur cette période, ajoute Oxfam, qui s’appuie sur une étude réalisée par un cabinet d’expertise néerlandais, Profundo.

Les agrocarburants (dits de première génération), produits à base de cultures alimentaires (blé, maïs, betteraves, colza…), représentent 4,5% de la consommation d’énergie du secteur des transports dans l’Union européenne. Face à son impact négatif sur l’alimentation, la Commission européenne a proposé en octobre de plafonner cette part à 5% d’ici 2020 afin d’encourager la filière à développer des biocarburants à base d’autres matières premières comme les algues, les déchets ou la paille.

Les agrocarburants produits à partir de matières premières agricoles sont inefficaces pour lutter contre le changement climatique, puisque 80% d’entre eux sont en réalité plus polluants que les carburants fossiles. Pire, ils rentrent en compétition directe avec l’alimentation et poussent les prix alimentaires à la hausse, affirme Oxfam, qui appelle les banques à mettre fin au plus vite au financement de cette activité.

L’ONG lance aussi un appel au gouvernement français en lui demandant de soutenir une politique européenne ambitieuse en la matière mais d’en finir au plus vite, en France, avec les exonérations accordées aux producteurs d’agrocarburants.

Dans un rapport publié en janvier 2012, la Cour des comptes avait dénoncé les incohérences de la politique publique d’aide aux agrocarburants, dont le coût est essentiellement supporté par le consommateur, pour un bilan agricole, écologique et énergétique mitigé. Selon ce rapport, la réduction sur les taxes accordée à ces carburants a coûté 2,6 milliards d’euros à l’Etat entre 2005 et 2010.

BNP PARIBAS

SOCIETE GENERALE

CREDIT AGRICOLE SA

(©AFP / 17 avril 2013 00h01)