Des politiques monétaire et budgétaire prises par les économies avancées risquent de pousser le monde vers une récession mondiale et une stagnation prolongée, infligeant des dommages pires que ceux de la crise financière de 2008 et du choc de la COVID-19 en 2020, a averti ce lundi 3 octobre, la CNUCED dans un rapport.

Dans son Rapport sur le commerce et le développement 2022, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), explique que la hausse rapide des taux d’intérêt et le resserrement budgétaire dans les économies avancées, combinés aux crises multiples résultant de la pandémie et de la guerre en Ukraine, ont déjà transformé la faible croissance mondiale en un ralentissement marqué, l’atterrissage en douceur souhaité semblant peu probable.

“Croire que les banques centrales pourront faire baisser les prix en s’appuyant sur des taux d’intérêt plus élevés sans provoquer de récession est, selon le rapport, un pari imprudent”. La croissance mondiale devrait encore décélérer pour atteindre 2,2% en 2023, prévoit le rapport. “Il est encore temps d’éloigner le risque d’une récession”, a déclaré Rebeca Grynspan, Secrétaire générale de la CNUCED. Plus globalement, la CNUCED prévoit que l’économie mondiale connaîtra une croissance de 2,5% en 2022. Les perspectives s’aggravent : en 2023, la croissance devrait encore décélérer pour atteindre 2,2%, laissant le PIB réel encore en dessous de sa tendance pré-pandémique à la fin de l’année prochaine.

Le cas de l’Afrique

D’une manière générale, l’activité économique de l’Afrique devrait connaître une croissance modérée de 2,7% en 2022 et de 2,4% en 2023, après un rebond de 5,1% en 2021, indique le rapport. Cela se reflète toutefois en partie dans la trajectoire de croissance des trois plus grandes économies, le Nigéria, l’Égypte et l’Afrique du Sud, qui représentent ensemble environ 60% du produit intérieur brut de l’Afrique.

Mais bien que les chiffres de croissance agrégés masquent une grande hétérogénéité au sein des pays africains, les perspectives de croissance sur le continent se sont détériorées de manière générale. En conséquence, 58 millions d’Africains supplémentaires tomberont dans l’extrême pauvreté en 2022, s’ajoutant aux 55 millions déjà poussés dans l’extrême pauvreté par la pandémie de Covid-19, indique le rapport.

“Plus globalement, 46 pays en développement sont gravement exposés à des chocs économiques multiples et 48 autres sont sérieusement exposés. Ce qui accroît la menace d’une crise mondiale de la dette”, soutien le rapport de la CNUCED. Selon le rapport, près de 60% des pays africains à faible revenu sont déjà en situation de surendettement ou courent un risque élevé de l’être, car les niveaux d’endettement, tant privés que publics, atteignent des sommets.