L’artiste franco-américaine Joséphine Baker (1906-1975), figure éminente de la Résistance et de la lutte antiraciste, va entrer au Panthéon le 30 novembre 2021, selon une information de l’édition dominicale du « Parisien » confirmée ce 22 août en fin de matinée par des sources proches de l’Élysée. 

« C’est oui ! », aurait dit le chef de l’État français, le mercredi 21 juillet 2021 à l’Élysée, selon le quotidien Le Parisien, à l’issue d’un entretien avec un groupe de personnalités venu plaider pour cette initiative, comprenant notamment « le romancier Pascal Bruckner, le chanteur Laurent Voulzy, l’entrepreneuse Jennifer Guesdon, l’essayiste Laurent Kuperman et surtout Brian Bouillon-Baker, un des fils de Joséphine Baker ». Toujours selon Le Parisien, la cérémonie aura lieu le 30 novembre, faisant de la célèbre meneuse de revue, née dans le Missouri et enterrée à Monaco, la première femme noire à reposer dans la nécropole laïque. Cette date du 30 novembre correspond à celle de son mariage avec Jean Lion qui lui a permis d’obtenir la nationalité française, a expliqué Mme Guesdon.

« J’ai deux amours »

Le dossier en faveur de l’interprète de la célèbre chanson « J’ai deux amours » avait été examiné une première fois fin juin par l’Élysée, selon l’édition dominicale du quotidien. Une pétition en faveur de la « panthéonisation » de l’artiste, lancée il y a deux ans par Laurent Kupferman, avait rassemblé 38 000 signatures. « Artiste, première star internationale noire, muse des cubistes, résistante pendant la Seconde Guerre mondiale dans l’armée française, active aux côtés de Martin Luther King pour les droits civiques aux États-Unis d’Amérique et en France aux côtés de la Lica (Ligue internationale contre l’antisémitisme, devenue Licra: Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, ndlr) (…) nous pensons que Joséphine Baker, 1906-1975, a sa place au Panthéon », fait valoir le texte.

Un personnage éminemment politique

À plusieurs titres, Joséphine Baker est un personnage éminemment politique. Nul doute qu’en choisissant de la faire entrer au Panthéon quelques mois avant l’élection présidentielle, Emmanuel Macron envoie des messages à la société française.

Un message de rassemblement, symbolique alors que les fractures se réveillent, d’espoir, d’ascension sociale, mais aussi d’universalisme. C’est aussi une réponse aux discours communautaires.

Nécropole laïque

Le Panthéon est depuis plus d’un siècle la nécropole laïque des « grands hommes » français, dont la « patrie reconnaissante » veut honorer la mémoire. Cet imposant édifice domine la montagne Sainte-Geneviève, l’une des buttes de Paris, dans le centre de la capitale française. Parmi les 80 « panthéonisés » figurent des politiques, des écrivains, des scientifiques, quelques religieux et beaucoup de militaires. Seules cinq femmes y sont actuellement inhumées, dont Simone Veil, la dernière personnalité à l’avoir été, en 2018. Emmanuel Macron panthéonise ainsi une deuxième femme engagée. 

Chanteuse et danseuse

La carrière en France de Joséphine Baker a débuté en 1925 au théâtre des Champs-Élysées à Paris dans un spectacle baptisé « La revue nègre ». Le public est très vite tombé sous le charme de celle qui deviendra une icône parisienne après avoir entamé sa carrière à New York.

Source : RFI