François Hollande a été le plus prompt à réagir, lundi 11 février, à l’annonce de la renonciation du pape Benoît XVI, qui devrait prendre effet dès le 28 février, selon le Saint-Siège. “C’est une décision humaine et une décision liée à une volonté qui doit être respectée”, a commenté le chef de l’Etat. “La République salue le pape qui prend cette décision, mais elle n’a pas à faire davantage de commentaires sur ce qui appartient d’abord à l’Eglise.”

Si le pape reste “quelqu’un en pleine capacité intellectuelle”, “nous avons pu constater que son endurance physique était très éprouvée”, a expliqué le chef de l’Eglise catholique française, Mgr André Vingt-Trois, évoquant notamment sa “capacité de locomotion”. La décision qu’il a prise est “tout à fait exceptionnelle” puisqu’une démission de pape ne s’est “pas produite dans l’Eglise depuis le XVe siècle”, a-t-il souligné. “Benoît XVI brise un tabou, il a rompu avec plusieurs siècles de pratique”, a-t-il insisté. “Nous perdons un ami de la France en général”, un “ami très cher de l’Eglise de France”, a souligné André Vingt-Trois.
Barack Obama a offert ses “remerciements” et ses “prières” au pape “de la part des Américains partout dans le monde”. “J’ai apprécié le travail que nous avons effectué ensemble ces quatre dernières années”, a ajouté M. Obama, dont certaines mesures politiques, notamment en matière de contraception, ont créé des frictions avec les institutions catholiques américaines.

Berlin a exprimé son “respect” et sa “gratitude” envers le pape, d’origine allemande. “Si le pape lui-même, après mûre réflexion, en est venu à la conclusion que ses forces ne sont plus suffisantes pour exercer sa fonction, cela suscite mon plus grand respect”, a affirmé la chancelière allemande, Angela Merkel, ajoutant que Benoît XVI “est et reste l’un des plus grands penseurs religieux de notre époque”.

Le chef du gouvernement italien démissionnaire Mario Monti s’est également dit “très secoué”. Le doyen des cardinaux, Mgr Angelo Sodano, a pour sa part parlé de “coup de tonnerre dans un ciel serein”.

Benoît XVI “manquera comme chef spirituel à des millions de gens”, a commenté le premier ministre britannique, David Cameron. Adressant ses “meilleurs vœux” au souverain pontife, M. Cameron a souligné que Benoît XVI avait “travaillé sans relâche à renforcer les relations de la Grande-Bretagne avec le Saint-Siège”.

Les catholiques traditionalistes de la Fraternité Saint-Pie X, les lefebvristes, ont exprimé leur “gratitude pour la force et la constance” dont a fait preuve Benoît XVI à leur égard.
Le pape n’a eu de cesse de réintégrer dans le giron de l’Eglise catholique les fidèles de Mgr Marcel Lefebvre, qui n’ont jamais accepté les conclusions du Concile Vatican II (1962-1965), jusqu’à conduire à leur excommunication en 1988.
Le nouvel archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, chef spirituel des anglicans, a déclaré avoir “le cœur lourd” à l’annonce de la renonciation du pape Benoît XVI, mais il ajouté qu’il comprenait “totalement” cette décision. “Il a rempli avec une grande dignité, clairvoyance et courage” sa fonction, a déclaré le responsable religieux, ajoutant qu’il parlait au nom des “anglicans du monde entier”.

“Sous son autorité, les relations entre le grand rabbinat et l’Eglise, le judaïsme et le christianisme, sont devenues beaucoup plus étroites, ce qui a conduit à une diminution des actes antisémites dans le monde”, a déclaré un porte-parole du grand rabbin ashkénaze d’Israël.

“UNE ŒUVRE CONSIDÉRABLE AU SERVICE DE L’EGLISE”

François Fillon, député UMP de Paris et ancien premier ministre, estime que “ce choix est à l’image d’une personnalité profonde, mêlant sagesse et exigence personnelle. Benoît XVI a accompli une œuvre considérable au service de l’Eglise, assumant une succession difficile, et marquant progressivement son pontificat de sa personnalité exceptionnelle, non seulement sur le plan théologique mais par une simplicité et une gentillesse naturelles qui le rendaient accessible et présent à tous.”

“C’est un grand signe de modernité de la part de Benoît XVI”, qui a produit un “travail théologique considérable” avec des “textes de très grande portée, de très grande hauteur de vue”, a salué Claude Guéant, ancien ministre de l’intérieur. Marine Le Pen a de son côté rendu hommage à “son action infatigable en faveur de l’universalité des valeurs de la civilisation chrétienne”.

 

Source Le Monde