A l’occasion de la fête nationale française ce 14 juillet, Tchadinfos a rencontré deux Tchadiens qui ont vécu en France. Ils nous dévoilent comment leur destin est lié à celui de la France.

Ce 14 juillet 2018, la France célèbre comme à l’accoutumée sa fête nationale. Il n’est point nécessaire de rappeler les liens étroits qu’entretiennent la France et le Tchad. Liens qui sont séculaires et transversaux, allant de la coopération économique mais aussi militaire, culturelle, scientifique en passant par une entraide technique. Rencontre avec deux Tchadiens dont le destin est intimement lié à celui de la France : Nocky Djedanoum, écrivain, journaliste, entrepreneur culturel et conseiller spécial du Président de la République et Zara Souigui Guirsidé, juriste et femme d’affaires, actuellement doctorante en Sciences Politiques à l’Université René Descartes, Paris V.

Nocky Djedanoum, un conseiller accro à la culture

Nocky a vécu plus de 25 ans en France où il a fait des études en journalisme en Lille ainsi qu’en gestion à Bordeaux. Il a été à l’origine de plusieurs projets culturels faisant le lien entre l’hexagone et l’Afrique, étant notamment le directeur artistique de Fest’Africa (rencontres littéraires et artistiques avec les créateurs d’Afrique et de la diaspora) fondé en 1992. Lauréat du Prix de la Fondation Simone Grac, il a été nommé, par le président Idriss Déby Itno, conseiller spécial chargé de mission à la présidence de la République en 2012.

Pour Nocky Djedanoum, les relations entre le Tchad et la France sont solides. « Sur le plan politique, nos deux chefs d’État sont en phase et partagent des idéaux communs. Tous deux ont un point d’honneur : le combat contre le terrorisme. La preuve, l’appui significatif de la France au G5 Sahel. Cela s’est vu une fois de plus lors de la dernière rencontre des chefs d’État du G5 Sahel, auquel a pris part le président français. »

Sur le plan culturel, beaucoup de projets sont en cours. Nocky, au titre du Tchad, fait partie d’un groupe de personnalités qui travaillent sur un projet cher à Emmanuel Macron. En l’occurrence la « Saison africaine 2020 » lancée lors du grand concert à Lagos au Nigeria en juillet 2017. Le projet, de l’avis de son initiateur, a pour ambition de permettre à l’Afrique d’écrire son histoire et changer son image. D’un point de vue local, plusieurs villes de France sont jumelées avec celles du Tchad. Nocky fait savoir que Moundou et Poitiers s’apprêtent à célébrer en 2019, 40 ans de jumelage.

Zara Sougui Guirsidé, une juriste dynamique

Zara Sougui Guirsidé fait partie de cette jeunesse dynamique issue de la diaspora, à l’aise dans le jeu de glissade entre les deux pays. Preuve en est son style : lafaye, henné, doukhane et bijoux d’apparat à N’Djamena, vite remplacé par un tailleur sobre ou un banal jeans basket à Paris. Cette juriste de formation, diplomate, politologue et patronne d’un cabinet juridique, a fait ses études universitaires en région parisienne. Elle poursuit ses études de troisième cycle en préparant un doctorat de droit qui porte sur les relations entre les deux pays.

Côté sécuritaire, la France apporte, dit-elle, un appui à la restructuration de l’armée tchadienne tant sur la formation, le conseil, l’expertise ou la reconversion. Elle agit également dans le domaine de la sécurité intérieure avec un appui au renforcement de capacité ainsi que dans la lutte contre le terrorisme. « On doit aussi l’évoquer, on a un accord militaire qui a été signé entre la France et le Tchad. Juridiquement, cet accord n’est pas un accord de défense. Il ne permet pas d’intervenir contre un mouvement d’insurrection nationale c’est-à-dire une rébellion ou s’immiscer dans les affaires internes du Tchad. Autrement dit, la non-ingérence dans les problèmes inter-tchadiens. Mais seulement en cas d’attaque d’un pays tiers et/ou d’attaque terroriste, la France doit appuyer le Tchad. La France a aidé le Tchad dans les années 80 contre la Libye. La Libye nous envahissait, c’était un conflit international », explique la jeune femme, alors que l’accord militaire signé entre le Tchad et la France fait l’objet de spéculations.

« Les spécialistes et diplomates tchadiens et français connaissent mieux que quiconque la relation qui existe entre ces deux pays. Chaque fois qu’un nouveau président arrive, il impose son style, ses idées, ses opinions et il a sa propre politique. Macron n’est pas Hollande, Hollande n’est pas Sarkozy, Sarkozy n’est pas Chirac. Il faut s’adapter parce que le Tchad a toujours eu des bonnes relations avec tous les prédécesseurs de Macron. »

Le bonus 14-Juillet ?

Nos deux interlocuteurs ont tous en souvenir un 14-Juillet passé en France. Pour eux, c’est la fête, un beau défilé et des feux d’artifice. Demain, ils feront partie de ces millions d’âmes à travers le monde qui vont supporter les bleus pour la finale de la Coupe du monde 2018. Vive la collaboration franco-tchadienne !