Pour donner une marque virtuelle à la tchadienne aux yeux du monde, Salim Medir peint un réseau social dénommé « Tiinver ».

Pendant qu’un regroupement des associations citoyennes du Tchad réclame le meilleur coût d’accès à l’internet, Salim Medir tourne les pouces. Sa première préoccupation est d’ajouter plus de fonctionnalités sur sa plateforme: Tiinver.

Découverte de Tiinver

C’est un réseau social qui a été créé il y a de cela 5 ans par le jeune Salim Medir. L’un des objectifs est de donner une marque à la tchadienne à l’international. Également pour résoudre certains problèmes de communication liés à l’Internet, et faciliter la tâche à ses compatriotes d’échanger sur une plateforme qui est la leur.

Sur Tiinver , on peut publier des contenus multimédias (photos, vidéos, textes) dans un cadre de cohabitation pacifique, rencontres, divertissements et autres. La plateforme a une option de programmation de publications. « Avec le temps on serait trop occupé et on pourra oublier certaines choses, tels que l’anniversaire des proches ou autres événements. On peut programmer des publications». L’autre aspect innovateur de Tiinver est l’animation. « Vous pouvez créer des dessins animés pour transmettre des messages ».


Conditions d’utilisation

L’application se trouve sur Play store. Son utilisation requiert un certain nombre de conditions et une politique de confidentialité. Être âgé de 13 ans ou au-delà; avoir un compte e-mail et le respect d’autrui. « Ne pas publier une photo nue, des messages qui ont trait avec le harcèlement sexuel, l’injure. Du moment où on découvre que vous faites des telles publications, on vous bloque », prévient le créateur.

La concrétisation de l’idée

La création de la plateforme relève de l’amour que la vingtaine porte pour les sciences depuis plusieurs années. Ses premières idées créatrices remontent à 2013 quand il a embrassé l’informatique à la faculté des sciences exactes et appliquées à l’université de Farcha. « Quand j’étais pour la première fois à la faculté, j’ai remarqué qu’avec la programmation il y a quelque chose que je peux apporter de nouveau. Et j’ai commencé à m’accrocher. Je travaillais même hors salle, des recherches extra-classes. J’ai continué cette ambition jusqu’à Cuba en faisant mes recherches sur Google », raconte le jeune créateur.

A peine commencé les cours à l’université de Farcha, le jeune amoureux des sciences obtient une bourse d’étude pour Cuba grâce à ses brillantes notes en mathématiques et en physique. Une bourse pour lui permettre d’étudier la médecine.

Étudier la médecine n’est pas dans les priorités de Salim. Mais il s’est plié sous la décision des parents et emballe ses bagages pour Cuba. Il empoche son projet secrètement pour le travailler au pays de Fidel Castro. C’est là qu’il posera les bases de Tiinver. « Pendant ce temps-là, il y avait un peu de problème d’Internet. Avec mon ami sud-africain qui connait l’utilisation des routeurs, nous voulons utiliser un système de communication locale en utilisant les routeurs pour se connecter à travers un serveur local ».

C’est en 2016, qu’il a réussi à finaliser son projet. « J’ai testé l’application auprès de mes amis pour me rassurer du fonctionnement ». A ce jour, la plateforme compte environ 50 utilisateurs, tous proches du créateur.

Qui est Salim Medir ?

Né au Tchad, Salim Medir a été emmené dès son bas âge en Libye par ses parents où il a passé une partie de son enfance. Après quelques années, il a regagné sa terre natale où il a commencé ses études primaires. « J’ai commencé le primaire à l’école d’Amtoukouin ». Salim côtoie des enseignants et s’accroche aux matières scientifiques.

Apprécié par ses enseignants pour ses notes en calcul, Il figure très souvent parmi les deux premiers de la classe. Arrivé au collège, le jeune adepte des calculs a évolué à Goundi dans le Mandoul. Il a fini le secondaire à Koumra, chef lieu du Mandoul où il a obtenu le baccalauréat série scientifique en 2013. Dans la même année, il rejoint la faculté des sciences exactes et appliquées de N’Djamena. Il a opté pour l’informatique jusqu’à ce que vienne le temps de Cuba. Après sept ans d’étude , Salim Medir sort diplômé et devient médecin et travaille dans une clinique du pays.



Aujourd’hui dans sa blouse blanche, Salim s’inspire de grands hommes du monde tels que Bill Gates, pour joindre les deux bouts: informatique et médecine. « Pour moi la médecine est un métier, et l’informatique est une passion. On peut faire les deux sans problème », dit-il. Malgré ses occupations, il s’accorde le plaisir de suivre des matches de football. Ce sport est son loisir préféré.

Dans son boubou beige, avec un regard fixe sur son téléphone android, Salim Medir compte s’appuyer sur son œuvre pour améliorer l’éducation au Tchad. « En 2023 je voudrais si possible lancer un projet relatif à l’éducation sur la plateforme Tiinver. Ce sera un cours à distance », prévoit-il.