La Banque Mondiale a dévoilé ce jeudi 11 octobre, lors des assemblées annuelles des institutions de Bretton Woods qui se tient à Bali en Indonésie, un nouvel indicateur pour apprécier les efforts des Etats en matière de développement, l’Indice de Capital Humain (ICH).

C’est la première étape dans la matérialisation de la nouvelle stratégie de la Banque visant à construire une croissance plus inclusive avec le capital humain comme levier. Il se distingue des autres indicateurs de la Banque, comme l’IDH, par son approche prospective car il a pour ambition d’encourager les pays à prendre des mesures urgentes et à investir plus et mieux dans leur population.

Le capital humain est la capacité des individus à créer de la richesse grâce à l’ensemble des compétences, connaissances et conditions de santé acquises au cours de la vie. En établissant un lien direct entre l’amélioration de la santé et l’éducation des populations, la productivité et la croissance économique, grâce à l’ICH, la Banque mondiale veut mettre en lumière les investissements (et sous-investissements) des Etats dans le capital humain de leur population et les conséquences implicites en matière de création de richesses et de développement à l’avenir.

Pour cette première édition, le rapport s’est intéressé à 157 pays et se pose la question de savoir quel niveau de capital humain un enfant né aujourd’hui peut atteindre à l’âge adulte comparé à ce qu’il aurait pu atteindre s’il avait bénéficié de conditions de santé optimales et d’une scolarisation complète et de qualité.

Concrètement, l’ICH se base sur trois facteurs :

  • la survie (l’enfant vivra-t-il assez longtemps pour aller à l’école ?),
  • la scolarité (quelle sera la durée de sa scolarité et sa qualité ?)
  • et enfin la santé.

Il varie de 0 à 1 et informe sur l’avenir du pays, c’est-à-dire ce qu’il sera par rapport à ce qu’il aurait pu être. La note de 1 signifie que le pays permet aux enfants qui sont nés aujourd’hui d’atteindre leur maximum. La moyenne des 157 pays est de 0, 57 pour cette première année. En tête de classement, on retrouve les pays asiatiques avec Singapour, sacré premier avec son indice de 0,88 grâce à la qualité de son système éducatif. Ce qui signifie que les jeunes d’aujourd’hui ne pourront réaliser 88% de leur capacité. Puis suivent la Corée du Sud et le Japon.

Rang Pays Note ICH
1 Singapour 0,88
2 Corée du Sud 0,84
3 Japon 0,84
4 Hong Kong 0,82
5 Finlande 0,81
22 France 0,76
24 États-Unis 0,76

 

L’Afrique s’en sort très mal dans ce classement. Les premiers du continent africain sont les Îles Seychelles, 43ème mondial avec un indice de 0,63. Mais les dernières places du classement sont toutes occupées par des pays africains. Le Tchad arrive bon dernier de l’ICH 2018.

Rang Pays Note ICH
147 Angola 0,36
148 Mozambique 0,36
149 Côte d’Ivoire 0,35
150 Mauritanie 0,35
151 Sierra Leone 0,35
152 Nigeria 0,34
153 Libéria 0,32
154 Mali 0,32
155 Niger 0,32
156 Sud Soudan 0,30
157 Tchad 0,29

 

Ce qu’on peut dire c’est que cet indice arrive au pire des moments pour le Tchad, englué dans une sclérose sociale marquée par des grèves dans l’éducation et la santé, les facteurs-clé du capital humain selon la Banque Mondiale. Le Tchad, avec son piètre indice de 0,29, signifiant que les enfants nés aujourd’hui au Tchad ne pourront être que 29% aussi compétents qu’ils n’auraient dû l’être, paye le prix de la faible qualité de son éducation, son accessibilité (seulement 6 années de scolarité potentielle en moyenne) et aussi du niveau très élevé de sa mortalité infantile. En effet, alors que 97% des enfants nés dans le monde ont la probabilité de vivre jusqu’à l’âge de 5 ans, au Tchad ce taux n’est que de 88 % (93% en Afrique), bien moins que l’Irak par exemple (99%) pourtant 4ème pays le plus dangereux au monde. D’où l’aspect plus institutionnel que sécuritaire de cet enjeu.

Profil pays du Tchad sur le portail de l’ICH

 

L’Indice du Capital Humain, que l’on pourrait aisément rapprocher de la dividende démographique démontre l’insuffisance des efforts du Tchad pour capter ce dividende et accélérer son développement. Le chemin vers l’émergence semble bien loin si l’on en croit les conclusions de ce rapport car ce ne sera pas cette génération, déjà sacrifiée, qui pourra pousser ce pays à son optimum.