18 jours après sa prise du pouvoir, le 7 mai 2021, le Conseil militaire de transition (CMT) autorisait les manifestations pacifiques. Sous feu Deby, elles étaient systématiquement interdites.  

A demi-mot, certains Tchadiens ont exprimé leur satisfaction à la publication du communiqué rappelant l’autorisation des manifestations pacifiques, conformément à la Charte de transition. Signé par le ministère de la Sécurité publique, le document assure que, à cet effet, les forces de l’ordre prendront toutes les dispositions sécuritaires nécessaires.

Toutefois, les organisateurs des manifestations doivent remplir 4 conditions. Il s’agit de l’introduction d’une demande préalable indiquant l’itinéraire bien défini, susceptible d’être modifié de commun accord avec le ministère de la Sécurité publique, au moins 5 jours avant la date demandée ; signer un engagement auprès du ministre en charge de la Sécurité publique ; sensibiliser et encadrer les manifestants afin d’éviter tout trouble à l’ordre public ; joindre à la demande une autorisation de fonctionner.

Pour certains observateurs de la scène politique tchadienne, en rappelant cette disposition de la charte, détaillée dans un décret de novembre 1962, les autorités auraient agi sous la pression de la communauté internationale. En effet, 10 jours avant cette décision, une manifestation de la plateforme Wakit Tamma, d’une rare ampleur à N’Djaména, s’est soldée par une violente répression.  Une quinzaine de jeunes y ont perdu la vie et de nombreux blessés. La tension était à son comble.

Même sous le régime de feu Deby, où pendant 30 ans, les marches étaient à tous les coups interdites, autant de victimes n’avaient été enregistrées, en un seul jour de marche. Le 27 avril 2021, restera pour beaucoup de Tchadiens, dans la mémoire collective. Des partenaires du Tchad comme la France, l’Union africaine avaient, le même jour, rappelé leur attachement à une transition apaisée.

En rappelant une disposition déjà contenue dans le texte fondamental, les autorités disent appeler à « l’esprit civique, à la préservation de la paix et des acquis démocratiques ainsi qu’au sens de la responsabilité de tout un chacun ».