En ce mois de mars, mois de la femme, nous allons à la rencontre de Mme Joëlle Madjibeye, maire 3ème adjointe de la ville de N’Djaména, pour évoquer la question de la participation et de la représentativité des femmes tchadiennes dans la politique et surtout, de la place de la femme rurale dont le thème de la SENAFET lui est dédié. En bonne politicienne, membre du bureau du VIVA/RNDP, elle reste optimiste quant à l’amélioration des conditions de vie des femmes tchadiennes en général et des femmes rurales en particulier.

Selon vous, quelle est la participation de la femme tchadienne dans la politique ? 

Je vous remercie pour l’occasion offerte dans le cadre de la Semaine Nationale de la Femme Tchadienne (SENAFET) et Journée Internationale de la Femme (JIF). Pour dire, la participation des femmes tchadiennes à la politique a été traditionnellement limitée en raison de plusieurs facteurs socio-culturels, économiques et politiques. Cependant, il y a eu des progrès significatifs ces dernières années pour améliorer la participation des femmes à la vie politique du Tchad. En exemple, en 2018, le Tchad a adopté une loi sur la parité qui exige que les femmes représentent au moins 30% des candidats aux élections et des élus dans toutes les structures de prise de décision. Une loi qui a contribué à augmenter la représentation des femmes dans les organes de prise de décision, mais il reste encore beaucoup à faire pour atteindre la pleine égalité des sexes que nous voulons.

En ce qui concerne les chiffres, selon les statistiques, les femmes représentent actuellement environ 22% des membres du Conseil National de transition (CNT) et moins de 20% des maires dans les municipalités. Cependant, il y a eu des progrès dans la nomination de femmes à des postes clés du gouvernement. Et pourquoi pas une dame Premier ministre ? En résumé, bien que la participation des femmes à la politique au Tchad ait été historiquement limitée, il y a des progrès significatifs en cours pour améliorer leur représentation et leur rôle dans la vie politique et sociale du pays.

Pensez-vous que le rôle des femmes tchadiennes est-il important dans la prise des décisions politiques au Tchad

Bien sûr que oui ! Le rôle des femmes tchadiennes est important dans la prise des décisions politiques puisqu’elles constituent environ la moitié de la population tchadienne et leurs perspectives et leurs préoccupations doivent être prises en compte dans les processus de prise de décision politique. Les femmes peuvent apporter une contribution unique et importante à la prise de décision politique en raison de leurs expériences et de leurs points de vue différent. Par exemple, les femmes sont souvent plus sensibles aux questions relatives à la santé, à l’éducation, à la protection sociale et à la violence basée sur le genre, qui sont des questions importantes pour le développement durable et la stabilité politique.

En outre, la participation des femmes à la prise de décision politique peut aider à renforcer la légitimité et l’acceptation des politiques et des programmes gouvernementaux. Les femmes sont souvent très impliquées dans les communautés locales et peuvent aider à promouvoir des politiques et des programmes qui sont pertinents pour les besoins de la communauté. Il est donc important d’encourager la participation des femmes tchadiennes à tous les niveaux de la prise de décision politique, y compris la participation aux élections, la nomination à des postes de direction et la participation aux processus consultatifs. Cela permettra de s’assurer que les besoins, les préoccupations et les perspectives des femmes soient représentés dans la prise de décision politique et que les politiques et les programmes gouvernementaux sont plus inclusifs et efficaces.

C’est pour cela d’ailleurs que plusieurs organisations de la société civile tchadienne travaillent activement pour promouvoir la participation des femmes à la vie politique et pour renforcer leur rôle dans la société en général. Ces organisations encouragent l’éducation et la formation politique des femmes, ainsi que la mise en place de réseaux de femmes pour leur permettre de travailler ensemble et de s’entraider.

Qu’en est-il de la place de la femme rurale tchadienne dans les instances décisionnelles ?

La place de la femme rurale tchadienne dans les instances décisionnelles est encore plus limitée que celle des femmes urbaines bien qu’elles représentent une grande partie de la population tchadienne, elles ont souvent peu d’accès à l’éducation et aux ressources, ce qui les empêche de participer pleinement à la vie politique et de prendre part aux décisions qui les concernent. Les femmes rurales sont souvent impliquées dans des activités économiques, telles que l’agriculture, la pêche et l’élevage, mais elles ont souvent peu de contrôle sur les ressources naturelles et les moyens de production. De plus, elles sont confrontées à des défis spécifiques tels que l’accès limité aux soins de santé, à l’eau potable, à l’assainissement, à l’électricité et à l’éducation, qui entravent leur développement et leur participation à la vie publique.

Il est donc important de prendre des mesures pour encourager et faciliter la participation des femmes rurales tchadiennes dans les instances décisionnelles. Cela peut inclure des programmes de formation et de renforcement des capacités pour les femmes rurales, la promotion de leur éducation et leur accès aux ressources et services de base, ainsi que l’élaboration de politiques et de programmes spécifiques pour répondre à leurs besoins et préoccupations.

Bref, il est important de promouvoir une plus grande représentation des femmes rurales dans les organes de décision politiques, y compris les conseils locaux, les comités de développement et les assemblées provinciales. Cela permettra de garantir que les voix et les perspectives des femmes rurales sont entendues et prises en compte dans la prise de décision politique à tous les niveaux.