Fraîchement désigné par les Nations Unies comme représentant du secrétaire général des Nations unies et chef de la Mission des Nations unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA). L’ancien Ministre et homme politique tchadien Mahamat Saleh Annadif a eut l’amabilité de nous accorder un interview en primeur ou il nous livre ses impressions et ses projets pour mener à bien sa mission.

Monsieur Mahamat Saleh Annadif, vous venez d’être nommée le représentant du secrétaire général des Nations unies et chef de la Mission des Nations unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA). Dites-nous comment avez accueilli la nouvelle de notre nomination ? 

Evidemment une telle nomination fait penser à beaucoup de chose. D’abord on se réjouit qu’on nous confie une telle mission. Mais aussitôt on pense à la responsabilité qui s’en suit et aux défis qui nous attendent. Parce que les défis sont nombreux. La crise malienne est très ancienne. Elle a des racines assez profondes. Quand on voit la confiance et à tous ceux qui ont bien voulu nous confier cette responsabilité, on essaie de relativiser les choses. On pense au soutien que mon pays m’a accordé bien que je sois nommé par le secrétaire général des Nations unies. Je suis confus entre un mélange des joies et des défis. Mais je pense d’abord à ce que je dois faire pour être à la hauteur de ces responsabilités et de ne pas décevoir la confiance qui est placée en moi.

De la Somalie au Mali, tous des terrains glissants, sur le même front de lutte contre le terrorisme. Que comptez-vous faire concrètement parce que celui que vous allez remplacer en janvier 2016, a eut des mauvaises relations avec les autorités maliennes ? 

C’est une vraie question. Ma première tâche, est de réconcilier les maliens avec la MINUSMA, qui est après tout, déployé pour les servir. Il faut vraiment convaincre qu’elle est là pour les servir. Pour cela, l’une de mes premières tâches, est d’être beaucoup plus pédagogue pour expliquer à tous les acteurs notamment, le gouvernement, la rébellion, mais aussi la classe politique. Ma première est vraiment en quelque sorte d’avoir la confiance des maliens. Ma nomination a reçu l’agrément des autorités maliennes. Donc il faut réconcilier la MINUSMA avec le Mali. Le deuxième élément, il y a des partenaires impliqués dans la crise malienne notamment les pays voisins, comme, l’Algérie, qui a un rôle important à jouer et toute la CEDEAO aussi et des partenaires des poids telle que la France, avec l’opération Barkhane, l’Union Européenne et tous les pays contributeurs de tout au Mali dont mon pays le Tchad pour savoir qu’est-ce qu’ils attendent de moi. En tout cas j’ai une feuille de route à travers l’accord de 20 juin 2015 et c’est déjà bon. Mais pourquoi il n’est pas mise en œuvre ? Quelles sont les difficultés ? Je ne peux résoudre cela, qu’avec les maliens, les pays voisins du Mali, et les principaux partenaires. Vraiment mon premier trimestre sera de comprendre, d’apprendre et de convaincre de la nécessité de la présence de la MINUSMA. Après cela, j’établirai mon planning, pour savoir quels sont les grands axes de mon action.

Quel sera concrètement votre rôle au sein de la MINUSMA ? 

Mon rôle est clair. Il est vrai que moi j’ai eu à exercer une activité similaire à l’AMISOM bien qu’elles sont deux mandats différents, l’une pour l’UA, et l’autre pour les Nations unies. La MINUSMA a trois composantes multidimensionnelles. Elle a une composante militaire, une composante police et une composante civile. Je dois piloter tout cela. Il y a sous moi deux adjoints représentants spéciaux, l’un s’occupe des affaires humanitaires et l’autre des aspects politiques. J’ai un chef d’Etat-major qui s’occupe des aspects militaires, avec son adjoint. J’ai un commandant de police avec son adjoint qui s’occupe de l’aspect police. J’ai un chef de l’administration qui s’occupe de tout ce qui est civil. C’est tout cela qu’il faut manager et superviser. Et la finalité c’est de faire en sorte que l’accord d’Alger puisse être appliqué et que les groupes terroristes armés qui sont un autre pend de ma mission soient enrayés du Mali. Ils font une guerre asymétrique, ce n’est pas facile, mais l’objectif de la MINUSMA, en aide avec l’opération Barkhane et les autres partenaires. 

La crise malienne est multidimensionnelle, pensez-vous vraiment qu’elle pourrait être résolue du jour au lendemain ? 

C’est mon espoir et c’est ma mission. Il faut faire en sorte que cette crise prenne fin. Mais la crise malienne est très profonde. Elle a des racines très anciennes. Mais elle peut trouver une solution que si les maliens décident de trouver. Moi je ne suis qu’un facilitateur. Je ne suis que quelqu’un qui impulse, et quelqu’un qui représente les Nations unies. Je défends, pour que la paix revienne. Je partage ces préoccupations avec les pays voisins et les partenaires, pour qu’ensemble nous conjuguions les efforts pour cette crise qui a trop durer puisse prendre fin. Mais la clé du problème réside entre les maliens eux-mêmes. J’ai cet avantage que mon pays a vu passer des choses de ce genre. J’étais acteur, aussi lorsque mon pays a connu ce genre des difficultés. Je suis acteur de tous les évènements de mon pays pour qu’aujourd’hui le Tchad soit en paix. C’est mon rôle de faire en sorte que les recettes qui ont permis au Tchad d’être en paix puissent être utilisées pour que le Mali aussi retrouve la paix. C’est un pays panafricaniste, j’adore le Mali, j’adore les maliens en tant que panafricaniste. Le Mali est l’un des seuls pays africains, qui dispose dans sa constitution qu’il peut céder tout ou partie du territoire malien au profit de l’unité africaine.

Le Tchad est représenté par plus 1 800 hommes dans la MINUSMA, quel changement apporteriez-vous ? 

Justement cela double ma responsabilité. Je suis d’abord du Tchad. Il a le grand contingent, il est le plus impliqué. Vraiment cela double ma responsabilité. Je vois le poids de cette responsabilité. En tout cas je ferai tout pour ne pas décevoir les Nations unies qui ont placé leur confiance en moi. Aussi faire en sorte que les maliens puissent croire aux Nations unies, en ce que je fais et qu’on puisse avancer vers le chemin de la paix.