Hyacinthe est un vendeur ambulant de divers articles. Il sillonne les rues de la capitale, N’Djaména, presque toute la journée. A défaut de trouver un emploi en rapport avec sa formation ou autre occupation similaire, il se débrouille. Hyacinthe est devenu vendeur ambulant. Un portrait que nous fait découvrir Toguyallah Mboguerienne dans le cadre du projet Afrik’Kibaaru porté par Canal France International (CFI).

Après l’obtention de son baccalauréat série A4 en 2018, L. Hyacinthe entre à l’université de N’Djaména. Après un bon parcours universitaire sanctionné par une licence en Géographie en 2021, il s’est reconverti en vendeur ambulant dans le centre-ville de la capitale. Il est présent, chaque jour, sur l’avenue Charles de Gaulle. « Après ma licence je n’ai pas cherché à passer des stages vu les réalités du pays. Quand tu n’as pas un membre de ta famille ou une connaissance quelque part, les probabilités de décrocher un stage sont faibles », confie-t-il.

Hyacinthe est un jeune résilient. Le travail décent, il ne l’a pas attendu. Même s’il n’est pas encore salarié quelque part, le jeune Hyacinthe affirme qu’il n’a jamais croisé les bras. Le commerce dans le centre-ville n’est pas nouveau pour ce jeune homme de 27 ans. Il exerçait cette activité pendant ses années universitaires « Quand j’étais étudiant, je faisais déjà mes business C’est ce qui m’a permis de tenir jusqu’au bout », indique-t-il.

Lorsqu’il était encore à l’université, le souci de ce jeune est d’avoir des cours polycopiés, payer les tickets de transport et de la restauration. Mais, pour lui, cette époque est révolue. « J’ai d’autres visions », note-t-il. « Je voudrais poursuivre mes études à l’étranger. Je compte aller continuer le master ailleurs. Ici c’est un peu compliqué. Les parents n’ont pas les moyens donc j’espère avec mon business, économiser et partir », planifie-t-il.

Hyacinthe appelle le gouvernement et les entreprises privées de penser aux diplômés sans emplois. « On ne sait quoi faire de nos diplômés », martèle-t-il. Le jeune géographe devenu vendeur ambulant reconnait que des milliers d’autres jeunes sont dans la même situation que lui. Il est difficile, dit-il, d’avoir un emploi. « Il faudrait avoir un emploi avant de voir si cela est décent ou pas », lance-t-il, esquissant un sourire.

Au Tchad, beaucoup des diplômés, à défaut de trouver un emploi décent, se tournent vers d’autres activités pour leur survie. Pourtant le huitième Objectif du Développement Durable (ODD) promeut « une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous ».

L’Organisation Internationale du Travail (OIT), définit le travail décent  comme « un travail productif pour les femmes et les hommes, dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité humaine. En général, « un travail est considéré comme décent lorsqu’il rapporte un revenu équitable. Il garantit une forme d’emploi sûre et des conditions de travail sûres ».

Si Hyacinthe s’est reconverti en vendeur ambulant, d’autres diplômés sans emplois, ont des petites activités lucratives comme être clandoman (conducteur de mototaxi), vendeur à la criée des journaux, aide-maçons dans les chantiers, ouvriers ou manœuvres. Pour rappel, en mars 2023, six jeunes, tous diplômés de Master et Licence, ont trouvé la mort dans un puisard. Ils étaient recrutés pour évacuer les eaux dudit puisard.