Après 59 ans d’indépendance, le pays cherche toujours à ressouder les liens entre le peuple. Les concepts tels que l’unité nationale, la paix, la cohabitation pacifique sont les plus utilisés dans les milieux politiques et médiatiques. Mais le fait capital est l’écart abyssal entre les discours des politiques et les comportements des Tchadiens.   

La volonté politique y est. Du moins sur la forme.  Les institutions et les textes juridiques sont conçus de manière à favoriser l’unité nationale. Des journées des prières instituées. Des leaders religieux et ceux de la société civile en appellent toujours à l’ordre. Hormis ceux-ci, le mot unité est bien inscrit dans notre devise. Mais  le sentiment d’appartenir à un même groupe, à  un même pays et à une même nation pose toujours problème. Il n’y a donc pas jusqu’ici une valeur commune.

Il ne se passe pas un jour sans qu’on ne parle de conflit entre agriculteurs et éleveurs. Le plus récent est celui de Wadi Hamra à l’est du pays faisant une vingtaine de morts. Les conflits intercommunautaires ont atteint leur paroxysme. L’affrontement entre Arabe et Ouaddaïens faisant une centaine de morts en est la parfaite illustration. Les invectives à connotation régionalistes, tribalistes, divisionnistes… Sur les réseaux sociaux  et même dans la vraie vie sont bien visibles. Nos actes nous éloignent au jour le jour de cette unité tant recherchée.

En 59 ans d’indépendance, le climat social reste délétère. Il  donne même  l’impression d’être dans une situation de guerre. Mais latente.   

En réalité, la recrudescence de ces conflits est attisée par la complaisance de l’État lui-même. Consciemment ou inconsciemment. Que sais-je? Sinon comment comprendre qu’avant l’indépendance, les chefs traditionnels avec peu de moyen réussirent à régler de manière équitable et pérenne les conflits inter-ethniques, entre agriculteurs-éleveurs etc. L’Etat, de nos jours avec ses moyens et ses spécialistes n’arrive pas à asseoir une  justice et une véritable  justice sociale. Il serait vain de faire des propositions nouvelles si on ne parvient pas à les faire appliquer concrètement.

C’est à l’État que revient toujours la responsabilité de remettre les choses dans l’ordre. Rigueur et exemplarité.

Peuple tchadien, debout et à l’ouvrage!