HISTOIRE – Les événements malheureux de février 1979 à N’Djaména ayant conduit à la déchirure entre frères Tchadiens ont poussé les cadres du Sud du pays à se retrancher dans la zone méridionale créant le Comité permanent. Les journalistes, amoureux de la plume, eux, mettent en place le journal « Mula ». Tchadinfos replonge dans l’histoire de ce canard aujourd’hui disparu.

« Mula » c’est en langue Sar qui veut dire « Combat » en français. De périodicité hebdomadaire, son premier numéro est paru le 17 juillet 1979 et vendu au prix de 100 F. En bas de sa manchette, on peut lire « hebdomadaire d’information et de sensibilisation ». En effet, c’est de ça qu’il s’agit : informer le sud de ce qui se passe dans le pays, à travers l’Afrique et le monde, ainsi que sensibiliser les populations sur divers sujets.

Dans sa première parution, le décor de ce qui sera la suite a été planté. Dans un article intitulé « C’est une aventure qui commence » signé par Aldom Nadji Tito. Dans ce qu’on peut appeler le « mot d’ouverture », Tito écrit que « les rumeurs allaient déjà bon train : un journal sera créé à Sarh. Le futur est ici superflu. C’est chose faite. Tout n’a pas été si facile. Des tractations, des contraintes de tout ordre ont failli provoquer une fausse couche ».

Pour choisir le nom du journal, l’équipe de la rédaction a hésité entre la « Gazette de Sarh » et « Sarh Hebdo ». « Le dernier fut adopté pour être abandonné à son tour, au cours d’une discussion élargie, au profit de « Mula ». Sa prononciation nécessite beaucoup plus d’effort en dépit du nombre réduit de ses lettres. Seul le message dont il est chargé à importer. Mula combat, lutte. En d’autres lieux pour marquer leur époque, des journaux ont eu pour non « Libération », « Havre Libre », « ElMoudjahid », écrit Aldom Nadji Tito.

A en croire Tito, « Mula se veut d’abord un organe de combat, de sensibilisation. Apporter à ses lecteurs l’explication nécessaire à la compréhension de certains événements dont ils sont tantôt témoins, tant victimes ».

Dans son article Tito relève que « l’information a souvent été considérée comme un produit de luxe auquel ne peut avoir accès qu’une minorité, privilégiée, une catégorie socioprofessionnelle. Sa consommation conférerait une certaine position dans la société. C’est compte tenu de tel préjugé que nous avons fixé le prix relativement bas du N°. Ce prix ne nous permettra pas même pas de rentrer dans nos frais. Cet aspect du problème ne nous détournera pas de l’objectif qui demeure : l’éducation des lecteurs ».

En termes de contenu, Tito explique que « notre page « La lettre de Mula » analyse et répercute avec l’éclairage nécessaire la grande information. Nous donnons la propriété à la « Lettre de Mula » à l’information nationale. Elle peut opérer le recul dans le temps pour rafraichir la mémoire ».

Le journal réserve une place de choix à Sarh dans la rubrique des informations locales et régionales. Une rubrique de sports traite des manifestations sportives locales ensuite des autres régions du sud du Tchad. Les informations africaines et mondiales sont regroupées sous la rubrique « A travers le monde ». Au gré du temps, Mula projette réserver une page aux « chiens écrasés » et potins de la commère.

Sur le plan organisationnel, la Direction de publication est confiée Madjirebaye Djibangar, la direction est assurée par Hourmadji Moussa Doumgar, la rédaction en chef à Aldom Nadji Tito et le secrétariat de rédaction à Gata Nder.

Les membres de la rédaction sont T. Gain-Nan Ngonn Djabe (dossiers), Mallah Wollouh Yakema (reportage), Ngarsetti Dji-Adngar (directeur artistique), Lomadj Yamara (administration), Dimanangar Djainta (Finances), Haltengar Yaita, Ramadan Dogue Kodimbaye, Taboibomti Ngonn Kedigui, Behom Roadngar. Les collaborateurs sont Djimhoguina Picass, Kennedi Moreal et Djonabaye Dieudonné.

La dactylographie est assurée par Ngarmadjingaye Djadine, Mme Nabia M.F. Jacqueline et Mme Madnangar Julienne.