Le général Charles de Gaulle, chef de la France-Libre ayant appelé les colonies et autres amis de la France à sa libération suite à l’occupation allemande, avait promis l’indépendance aux territoires d’Afrique noire francophone. Mais, après la seconde guerre mondiale, au lieu d’une indépendance immédiate aux colonies, le général propose un processus. La dernière étape de cette marche avant l’indépendance, est l’autonomie interne concrétisée par la naissance d’une République. C’est le cas aussi du Tchad devenu République le 28 novembre 1958.

En 1958, le 28 novembre est un vendredi. Suivant les résultats du référendum, l’Assemblée territoriale du Tchad qui comptait au total 65 conseillers se réunit. La session plénière a vu la présence de 56 conseillers. Neuf étaient absents. Le gouverneur du territoire du Tchad, le français Troadec a fait un discours ce jour avant que les conseillers ne débattent de l’ordre du jour. Les débats ont porté sur la transformation du territoire du Tchad en Etat, puis, l’option de rester dans la Communauté en tant que République.

A l’unanimité de ses membres présents, l’Assemblée territoriale du Tchad adopta la délibération 93/58 portant adoption par le territoire du Tchad du statut d’Etat membre de la Communauté. Consciente de ses hautes responsabilités envers les populations et certaine de répondre à leur désir d’évolution démocratique dans le cadre de la Communauté fondée sur l’égalité et la solidarité des peuples qui la compose, l’Assemblée décida que le territoire du Tchad manifestait sa volonté de devenir un Etat membre de la Communauté nommé République du Tchad.

La République se déclarait prête à une coopération étroite avec les autres Etats ou territoires de l’AEF (Afrique équatoriale française) et à l’établissement de liens institutionnels nécessaires tant à l’administration des intérêts communs qu’à la coordination de la politique générale de ces Etats ou territoires. Séance tenante, le gouverneur Troadec signa l’arrêté 795/SG qui rendait exécutoire la délibération 93/98.

L’Assemblée vota dans un même élan une motion de reconnaissance à la France. La journée du 29 novembre 1958 fut déclarée jour férié.

La République de 1958, au delà de la simple définition d’un dictionnaire, a un sens très important pour les peuples colonisés qui vivaient sous domination depuis presque un siècle. Sous domination, sans aucune identité, appelé des « indigènes », ces peuples aspiraient, après avoir participé à la libération de la France, à une reconnaissance internationale. Mais, il a fallu lutter encore quelques années pour y arriver. De retour aux affaires, le général de Gaulle, en instaurant la Vè République, a proposé aussi aux colonies de voter au référendum de 1958 si elles voulaient l’indépendance immédiate ou rester dans la Communauté française. Le Tchad fait partie de celles qui ont opté pour la communauté.

Dans cette communauté, les colonies deviennent République avec une autonomie interne, un gouvernement et une assemblée législative. La Constitution, adoptée par le référendum du 28 septembre 1958 qui a permis la naissance de la République du Tchad proclamée le 28 novembre 1958, a été promulguée le 6 octobre. Au Tchad, le conseil de gouvernement mis en place en 1957 devrait continuer de fonctionner comme en période de transition. Un conseil de région a été institué dans chacune des circonscriptions du Tchad. Il est composé de 10 à 50 membres selon la taille de chaque région.

Dans cette marche, certaines villes comme Koumra, Abéché, Pala, Doba, Moundou, Bongor et Fort-Archambault (actuelle Sarh) ont été érigées en des communes de moyen exercice. La République a fonctionné normalement avec un gouvernement, une assemblée, jusqu’à la proclamation de l’indépendance, le 11 août 1960. Depuis, 63 ans se sont écoulées et les Tchadiens sont encore au stade de la recherche de la forme de leur Etat.