Dr Ali Mahamat Moussa, point focal de lutte contre les hépatites du ministère de la santé publique lance un vibrant appel aux Tchadiens. C’est celui de se faire dépister afin de connaitre sa sérologie. Il s’est confié au journal Tchadinfos.com

Qu’est ce que l’hépatite ?

L’hépatite est une inflammation du foie. Et, qui dit inflammation, elle peut être à plusieurs causes notamment les médicaments, alcool, les substances toxiques, les bactéries comme dans le cas de la fièvre typhoïde et du paludisme. Mais, quand on parle de  l’hépatite, on fait beaucoup plus référence à des hépatites virales. Les hépatites virales ont des virus qu’on appelle A, B, C, D et E. C’est donc ces différents virus qui constituent l’ensemble des hépatites.

Quelles sont les formes de contraction de l’hépatite ?

Concernant les hépatites A et E, il n’y a trop d’inquiétudes. Mais, les formes de contamination sont par les voies oro-fécales c’est-à-dire quand les règles d’hygiènes ne sont pas bien respectées, on peut contracter cette maladie. On peut citer à titre d’exemple, la consommation des aliments contaminés par des eaux souillées qui entrainera l’homme à être atteint de l’hépatite A et E. On cite entre autres, le choléra, la diarrhée etc. Par contre, pour l’hépatite B, son mode de transmission est similaire à celui du VIH/SIDA, c’est-à-dire par le sang, la voix sexuelle, de la mère à l’enfant et par usage de matériel souillé par le sang d’une personne infectée. Exemple des rasoirs, des seringues, des bistouris etc. Pour l’hépatite C, elle se transmet par le sang et difficilement par la voix sexuelle pour ne pas dire qu’il n’y a pas, par des matériels souillés comme B etc. Il est à retenir que les deux hépatites (B et C) ne se transmettent par des voix orales ni par la sueur comme on le dit, ni par le fait qu’on partage le même plat avec une personne infectée comme on le pense.

Peut-on courir des risques en prenant de vaccin sans dépistage ?

Non ! Il n’est pas conseillé de le faire. C’est d’abord ça ce que nous voulons dire au public pour qu’il puisse bien comprendre. Pour prendre du vaccin, il faut d’abord connaitre que si c’est l’hépatite B ou C. Partant de là, il faut d’abord se faire dépisté avant de prendre le vaccin. Parce que cette maladie, elle est sournoise, silencieuse. Tant que vous ne vous êtes pas fait dépister, vous ne pourrez pas connaitre votre état de sérologie. Le risque qu’il y a en prenant ce vaccin, est que à la longue (10 ou 20 ans) vous développerez la maladie dans votre organisme. Donc, je conseillerai qu’une fois le dépistage effectué, c’est en ce moment qu’on peut prendre la dose normale du vaccin contre l’hépatite B. Mais, pour hépatite C, on n’en a pas encore le vaccin pour le moment.

C’est quoi le génotype Dr Ali ?

Le génotype, c’est la somme de plusieurs types de virus. Et donc, dans l’hépatite C, il y a le type de virus 1, 2, 3, 4, 5. À l’époque quand on avait lancé un type modèle de traitement, ça influençait la durée du traitement. Au lieu de six mois comme on le fait avec certains génotypes, on fait plutôt douze mois ou plus. Mais, aujourd’hui, avec le nouveau traitement, ça n’a pas d’influence. On a les mêmes durées de traitement quel que soit le génotype. Mais, il y a des médicaments qui n’agissent pas sur le génotype 4 et 1.  Donc, je peux vous dire que ce des virus qui sont différents sur des types de génotypes.

Quel est l’appel que vous lancer au public ?

L’appel que je peux lancer au public c’est celui-ci : il faut vraiment se faire dépister que ce soit pour l’hépatite B ou C. Parce que l’hépatite est une maladie sournoise c’est-à-dire silencieuse. Et, on ne pourra pas savoir si on a contracté la maladie ou non. Il faut se rendre dans le centre de santé le plus proche. J’insiste beaucoup sur ce point parce que l’État a mis en place depuis 2008 le vaccin contre l’hépatite B, dans le cadre de la gestion des programmes élargis de vaccination. Donc, faites vacciner tous les enfants pour qu’on n’ait pas de future génération avec le virus d’hépatite. Je demanderais aux médias aussi de continuer à sensibiliser les populations afin qu’elles puissent connaitre l’enjeu des hépatites.

Interview réalisée par Jules Daniel