Le mouvement de grève des magistrats lancé par le syndicat des magistrats du Tchad (SMT) et le syndicat autonome des magistrats du Tchad (SYAMAT) continue malgré des pourparlers. Une grève qui ’’impacte le cour normal de la justice’’ selon le bâtonnier de l’ordre des avocats du Tchad, Djérandi Laguerre Dionro
Pas de robe noire, ou presque dans les salles d’audience. La cour du palais de justice, les couloirs du bâtiment du tribunal de Grande instance de N’Djamena sont pratiquement vides. Seuls quelques avocats sont venus pour les diligences : suivre des dossiers au bureau du procureur de la République. ’’Les activités sont aux arrêts. Dans un grand lieu de service comme le tribunal, il y a une telle grève, imagine le cas des auxiliaires que nous sommes’’, se plaint Noubarangar Kladoum, avocat au barreau du Tchad rencontré au tribunal.

Depuis le 28 juin dernier, les magistrats tchadiens ont décidé de déserter les tribunaux. Un mouvement de grève lancé pour protester contre ’’l’insécurité récurrente’’ à laquelle font face les magistrats selon le communiqué conjoint du Syndicat des magistrats du Tchad (SMT) et du Syndicat autonome des magistrats du Tchad (SYAMAT). Cela suite à l’assassinat du procureur de la République près le tribunal de grande instance d’Oum-Hadjer. Depuis lors, aucun procès n’a eu lieu.
Du côté du Syndicat des magistrats du Tchad (SMT), le mot d’ordre de grève ne pourra être levé que si les conditions posées par les magistrats sont prises en compte. ’’On n’a pas encore vu une preuve d’exécution de nos demandes. C’est une grève illimitée, assorties des conditionnalités. Si celles-ci ne sont pas satisfaites la grève continuera’’, martèle Moussa Wadé Djibrine, président du SMT. Il confirme l’amorce des négociations mais indique qu’une suite favorable n’a pas été encore trouvée. ’’ Les négociations avec la chancellerie oui, nous les avions engagées mais pas d’élément concret’’. Pour lui, le SMT et le SYAMAT restent ouverts au dialogue.
Un coup dur pour tout le monde
’’Il est difficile de rendre des décisions dans des conditions d’insécurité comme celle que les acteurs judiciaires vivent aujourd’hui’’, fait comprendre Djerandi Laguerre, bâtonnier de l’ordre des avocats du Tchad. D’après lui, c’est une situation qui ne concerne pas seulement les magistrats, mais également les avocats, les greffiers, huissiers, notaires et les justiciables. ’’Car ils viennent au palais pour demander justice auprès des avocats pour leur défense etc. Et quand un acteur judiciaire est lâchement abattu, il peut être menacé, agressé, cela nous cause réellement problème’’ déplore-t-il.
Me Laguerre souligne que ’’la grève impacte le cour normal de la justice, la situation des détenus, et tout. C’est regrettable, mais il faut comprendre que c’est une grève qui se justifie et qui se comprend’’. Le patron de l’ordre des avocats du barreau du Tchad souhaite qu’il y ait des échanges entre les parties prenantes pour revenir à la situation ’’normale“.